Est-il possible d’évoquer le conflit entre Israël et le Hamas dans une conférence à l’université ? A Lille, mardi 21 mai, les échanges ont rapidement tourné court, dans un climat hostile contre le président de l’université, Régis Bordet, et deux étudiants de Golem, collectif qui lutte contre l’antisémitisme et revendique un ancrage à gauche.
La table ronde, intitulée « Israël-Palestine : comment une communauté universitaire s’engage », réunissait deux membres de l’association Libre Palestine, qui « avaient accepté l’invitation à échanger » avec le collectif Golem, précise l’université dans un communiqué jeudi 23 mai, ainsi qu’avec deux vice-présidentes et une enseignante de l’établissement « engagées dans les mobilités internationales universitaires et l’accueil d’étudiants en exil ».
Après cinq minutes d’introduction par le directeur de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, une étudiante de Libre Palestine a lu un communiqué appelant notamment au boycott par l’établissement lillois des partenariats avec les universités israéliennes et les entreprises françaises impliquées dans ce pays. Selon les informations du Monde, elle s’est ensuite levée et a annoncé ne pas vouloir participer au débat, soutenue par une quinzaine de personnes qui ont accusé le président de l’université d’être « complice d’un génocide ».
« Hurlements » et « insultes »
La conférence a immédiatement été « perturbée par des slogans, invectives et chants contre le président de l’université, dans la continuité des injures et des menaces de mort proférées contre lui la semaine précédente et ayant conduit à un dépôt de plainte », relate l’université, sans apporter davantage de précisions.
Raphaël Assouline, du collectif Golem, évoque « des hurlements » et des « insultes » de « colons, de fascistes, de génocidaires. Certains nous point[ai]ent du doigt ! Et nous n’avions encore rien dit… » Les deux étudiants sont « sortis escortés par la sécurité » après ce qu’ils qualifient sur X d’« humiliation antisémite publique ».
Le 17 avril, constatant que « les conditions [n’étaient] plus réunies pour garantir la sérénité des débats », l’université de Lille avait annulé une conférence de Jean-Luc Mélenchon et de la candidate « insoumise » aux élections européennes Rima Hassan. Cette conférence était une initiative de l’association Libre Palestine dont le logo est accusé par différents élus de « nier l’existence de l’Etat d’Israël », ce que ses militants démentent.