A l’Eurovision, le drapeau européen de la discorde

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Un spectateur porte un drapeau européen lors du concours de l’Eurovision 2018 à Lisbonne, le 10 mai 2018.

Rarement le concours de l’Eurovision aura suscité autant de polémiques. Après les manifestations en Suède contre la participation d’Eden Golan, la candidate israélienne au télécrochet européen organisé samedi 11 mai, et la disqualification du candidat néerlandais, Joost Klein, l’auteur du titre Europapa à la suite d’un « incident » avec une cadreuse, le concours s’est distingué en bannissant du spectacle le drapeau européen. Et cette décision n’est pas bien passée à Bruxelles, où le vice-président de la Commission chargé de la promotion du mode de vie européen, le Grec Margaritis Schinas a tancé les organisateurs du concours.

« L’Eurovision est avant tout une célébration de l’esprit européen, de notre diversité et de notre talent, a-t-il indiqué sur le réseau social X. Le drapeau de l’Union européenne en est le symbole. A moins d’un mois des élections européennes, il ne devrait y avoir aucun obstacle, petit ou grand, à la célébration de ce qui unit tous les Européens. »

Ce sont des internautes qui ont alerté le dirigeant européen, et notamment le moldave Dorin Frasineanu, ancien directeur adjoint du cabinet du premier ministre de Moldavie, présent à Malmö pour l’événement. Sur X, il a indiqué samedi soir : « On vient de nous refuser l’entrée à l’Eurovision avec le drapeau de l’UE. La sécurité nous a dit que c’était “politique” et “interdit”. Comment l’Union européenne de radiodiffusion [UER] peut interdire le drapeau de l’UE lors du plus grand événement européen ? »

Lundi, à Bruxelles, la Commission était encore sous le choc. La bannière bleue aux douze étoiles dorées est non seulement le drapeau de l’UE, et à ce titre présent dans nombre de lieux publics des 27 pays membres, mais c’est également le drapeau du Conseil de l’Europe et de ses 46 membres – tous présents au sein de l’Eurovision –, à l’exception d’Israël, simple observateur au sein de l’assemblée parlementaire de cette institution.

« Nous devons défendre nos valeurs »

Selon l’UER, la politique en matière de drapeau est négociée chaque année, et pour l’édition 2024, le choix était d’autoriser seulement les drapeaux des Etats participants et le drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT. En creux, l’UER souhaitait surtout éviter de voir fleurir des drapeaux palestiniens. « Il n’était pas question explicitement de bannir le drapeau européen, se justifie l’UER auprès du Monde. Mais en raison de l’augmentation des tensions géopolitiques, cette politique de vérification des drapeaux a été appliquée avec plus de zèle. »

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