A la frontière entre le Liban et Israël, la montée des périls

3816


Au-dessus du sud du Liban à la suite d’une frappe israélienne, l’image est prise depuis le nord d’Israël, le 5 mai 2024.

A force d’être répétée, la menace d’une opération militaire israélienne au Liban contre le Hezbollah est-elle en train de prendre dangereusement corps ? L’escalade, de part et d’autre de la frontière entre les deux pays, a pris récemment deux visages. Du côté du Hezbollah, celui d’une agressivité accrue, marquée par une intensification des tirs en direction du territoire israélien. Les feux déclenchés par des arrivées de roquettes qui ont consumé 1 000 hectares en début de semaine dans les environs de Kiryat Shmona, la grande ville du nord-est proche de la frontière libanaise, ont marqué les esprits, tout comme l’augmentation du nombre de tirs en provenance du Liban.

Côté israélien, l’escalade est plus nettement verbale, mais n’en est pas moins menaçante. Des visites presque quotidiennes de responsables politiques, militaires ou administratifs dans la région frontalière, renforcent cette tension.

Mercredi 5 juin, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, déclarait ainsi à Kiryat Shmona : « Nous sommes préparés en vue d’une action très intense dans le Nord [pour y affronter le Hezbollah]. D’une façon ou d’une autre, nous allons y restaurer la sécurité. » Cette formulation rappelle qu’un important dispositif militaire a été déployé dans la région, mais signifie aussi, en substance, que l’heure du choix entre une solution négociée avec le Hezbollah ou une opération militaire au Liban approcherait. Mardi, le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi, annonçait également à Kiryat Shmona : « Nous approchons du point où une décision devra être prise. »

Capacité de dissuasion conventionnelle

Depuis mai, le Hezbollah a nettement intensifié la fréquence et l’ampleur de ses attaques contre le nord d’Israël, menant au cours de ce mois 325 attaques, un niveau inégalé depuis octobre 2023. Récemment, il a eu recours à des moyens de plus en plus précis et sophistiqués. L’organisation chiite libanaise fait désormais usage de façon plus systématique de drones armés et de missiles à courte portée Burkan pour viser des cibles, notamment des bases militaires et des systèmes antiaériens, et ce en profondeur – jusqu’à 50 kilomètres en territoire israélien. La précision de ses frappes s’est aussi notablement améliorée. Ce saut qualitatif, supposant des capacités renforcées en matière de renseignement, ajoute à la tension.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Israël et le Hezbollah poursuivent leur guerre d’usure

Le Hezbollah s’emploie aussi, au moyen de missiles sol-air, à abattre des drones israéliens dans l’espace aérien libanais. Pour la première fois, au soir du jeudi 6 juin, il a aussi employé des missiles de défense aérienne contre des avions israéliens. Le Parti de Dieu entend ainsi montrer qu’il dispose d’une capacité de dissuasion conventionnelle. Une façon de répondre à l’escalade verbale, côté israélien, et à la menace en filigrane d’une opération militaire.

Il vous reste 47.58% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link