A Gaza, des puces virtuelles pour briser le blocus des télécommunications

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Une Palestinienne qui a fui Khan Younès avec sa famille en raison des frappes israéliennes, dans un camp de tentes où ils se sont réfugiés, à Rafah, dans la bande de Gaza, le 28 janvier 2024.

Son portable vibre à chaque instant. Des e-mails venus du monde entier et des messages en provenance de la bande de Gaza défilent sur le téléphone de Mirna El Helbawi. Des mots de soutien, des appels à l’aide et aussi des bonnes nouvelles. Comme cet homme bloqué dans le nord du territoire palestinien, qui pleure de joie en découvrant une photo du bébé dont sa femme a accouché loin de lui, à Rafah, tout au sud de l’enclave.

Alors que le réseau de télécommunications palestinien était coupé pour la dixième fois en trois mois, ce Gazaoui a pu se connecter à WhatsApp grâce à une carte SIM dématérialisée fournie par Mirna El Helbawi. Avec dix autres bénévoles, cette écrivaine égyptienne de 31 ans a lancé une initiative baptisée « Connecting Gaza » pour fournir gratuitement aux habitants de la bande côtière des « eSIM », des puces virtuelles permettant de contourner le blocus des communications régulièrement imposé par l’Etat hébreu.

« Les familles sont dispersées. On ne compte plus les gens qui restent sans nouvelles de leurs proches. Lors des black-out, c’est impossible d’appeler une ambulance et les secours ont de grandes difficultés à coordonner l’évacuation des blessés vers les hôpitaux. Ces coupures sont également une entrave au travail des journalistes sur le terrain, alors qu’ils ont un rôle essentiel de documentation des crimes de guerre commis par Israël », explique Mirna El Helbawi de son appartement qui surplombe les toits du Caire.

Depuis trois mois, cette ancienne journaliste ne dort presque plus. Alors que, le 27 octobre 2023, Gaza était coupée du monde pour préparer le terrain à l’offensive terrestre de l’armée israélienne, la jeune femme place ses espoirs dans le milliardaire Elon Musk, fondateur de SpaceX, qui s’engage à reconnecter l’enclave palestinienne grâce à son satellite Starlink. Mais la promesse reste lettre morte.

« Sans réseau, nous n’avons plus de voix »

« C’était terrifiant. On suivait la situation heure par heure, et puis, d’un coup, plus rien. Un silence vertigineux », livre-t-elle. L’une de ses followers sur Instagram lui souffle alors l’idée d’essayer d’utiliser ces cartes à puce virtuelles, disponibles sur plusieurs sites Internet pour une trentaine de dollars. Pour les mettre en service, les utilisateurs doivent scanner avec leur téléphone portable le QR code envoyé par le donateur. Il leur suffit ensuite d’activer le mode itinérance sur un réseau étranger afin de pouvoir se connecter aux antennes relais israéliennes et égyptiennes qui jouxtent le territoire palestinien, langue de terre de 12 kilomètres de large et de 41 kilomètres de long.

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