Au Royaume-Uni, le primat de l’Eglise anglicane poussé à la démission par une affaire de dissimulation d’agressions

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Justin Welby, alors primat de l’Eglise anglicane, à Canterbury, le 21 mars 2013.

L’annonce, mardi 12 novembre, de la démission de Justin Welby, le primat de l’Eglise anglicane et archevêque de Canterbury, était devenue inévitable après qu’une partie du synode et l’évêque de Newcastle, Helen-Ann Hartley, ont réclamé son départ. En cause, la publication, début novembre, d’un rapport accablant sur les agressions physiques, psychologiques, sexuelles et spirituelles commises par John Smyth, un avocat et responsable d’une association de charité chrétienne, sur plus d’une centaine de jeunes garçons. Une affaire qui mettait directement en cause la responsabilité du prélat.

Dans les années 1970 et 1980, John Smyth a fait subir de terribles sévices physiques et psychologiques à des jeunes garçons, pour la plupart des élèves de la prestigieuse école privée Winchester College. Il les rencontrait lors de camps pour jeunes chrétiens, qu’il animait l’été. Un premier rapport interne, mené en 1982 après qu’une victime avait tenté de se suicider, dénonçait les pratiques « horribles » de ce laïque. Pourtant, l’Eglise anglicane a dissimulé ces conclusions pendant plus de trente ans, laissant John Smyth quitter le Royaume-Uni sans être inquiété, d’abord pour le Zimbabwe puis pour l’Afrique du Sud, où il a continué à agresser de jeunes hommes.

Ce n’est qu’en 2017, après la diffusion d’une enquête sur son compte par la chaîne de télévision Channel 4, que des demandes d’extradition ont été faites. Trop tard : John Smyth meurt en 2018 à Cape Town sans jamais avoir été confronté à des juges. Il est « sans doute le pire des agresseurs ayant sévi au sein de l’Eglise d’Angleterre », insiste le rapport indépendant publié début novembre.

Conduit par Keith Makin, un professionnel reconnu de l’aide à l’enfance, il avance le chiffre de 115 enfants et jeunes hommes agressés durant cinq décennies. « Depuis juillet 2013, les plus hautes instances de l’Eglise d’Angleterre étaient au courant des abus commis dans les années 1979 et 1980. John Smyth aurait alors dû être dénoncé à la police britannique », souligne encore Keith Makin, qui qualifie de « dissimulation » le très long silence de l’Eglise.

« Sentiment profond de honte »

Justin Welby, 68 ans, a d’abord exclu de démissionner, assurant n’avoir été mis au courant du comportement sadique de John Smyth qu’à partir de 2013, année de sa nomination comme primat de l’Eglise. Il a cependant reconnu avoir « personnellement échoué à lancer une enquête approfondie » sur cette tragédie. Mais la polémique prenant de l’ampleur, il a dû lâcher prise. Mardi, dans sa lettre de démission, l’archevêque affirmait être « dans la douleur avec toutes les victimes et survivants d’abus. Ces derniers jours ont renouvelé mon sentiment profond de honte face aux échecs historiques de l’Eglise d’Angleterre en matière de protection ».

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