António Guterres dans « Le Monde », d’espoir de la gauche au Portugal à dirigeant contesté de l’ONU

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En théorie, un secrétaire général de l’ONU est censé incarner la concorde ­universelle. Dans la pratique, l’actuel titulaire du poste, António Guterres, peine de plus en plus à être ce point de rencontre de la géopolitique mondiale. Après avoir été déclaré persona non grata en Israël par le gouvernement de Benyamin Nétanyahou – faute d’avoir condamné nommément l’attaque de l’Iran contre l’Etat hébreu, début octobre –, voilà que le Portugais de 75 ans subit le même sort en Ukraine.

L’entourage du président Volodymyr Zelensky a déclaré à l’Agence France-Presse, le 25 octobre, qu’António Guterres n’est plus le bienvenu en raison de sa participation au sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réuni la veille à Kazan, en Russie. António Guterres a beau avoir rappelé à Vladimir Poutine que son invasion de l’Ukraine viole le droit international, la poignée de main échangée avec le président russe a choqué à Kiev – et au-delà.

Qu’il semble loin le temps où le dirigeant onusien faisait figure de jeune espoir de la gauche dans son pays. Le 6 décembre 1991, le nom d’António Guterres, 42 ans, apparaît pour la première fois dans Le Monde, à la veille d’un congrès décisif pour l’avenir du Parti socialiste (PS) portugais, qui vient de subir une cuisante défaite aux élections législatives.

« Son profil détonne »

Le secrétaire général du PS, Jorge Sampaio, est « tenu pour responsable de la médiocre performance des socialistes », décrit Michel Bôle-Richard. Ces derniers « n’en finissent pas de se chercher un chef capable d’être une réelle menace » pour le premier ministre en place, Anibal Cavaco Silva (centre droit). Dans ce contexte, António Guterres, « ancien chef du groupe ­parlementaire du PS et responsable de l’organisation au sein du parti », paraît en « position favorable » pour détrôner son patron.

Le quadragénaire, de fait, est élu sans peine secrétaire général du PS, deux mois plus tard. S’il est « considéré comme un apparatchik », souligne la correspondante du Monde à Lisbonne, Alice Ilicee, le 25 février 1992, « son profil d’ingénieur, catholique pratiquant, détonne quelque peu dans un parti traditionnellement laïque et dominé par les enseignants ». Sa stratégie aussi, puisqu’il prône un élargissement vers le centre, quand d’autres réclament une alliance avec les ­communistes. Les électeurs le soutiennent dans sa démarche, puisque le PS remporte les municipales de 1993, puis les élections européennes, un an après.

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