En Belgique, les habitants du Hainaut sidérés par l’ampleur de la contamination des eaux par les PFAS

2078


Ils voulaient pourtant « bien faire les choses », comme le dit Virginie Delbart. Dans sa maison de Chièvres, une petite ville de 7 000 habitants dans la province du Hainaut, où la professeure de géographie vit avec son mari et ses deux enfants, pas de pesticides sur les légumes du potager, pas de poêles en Teflon ni de bouteilles en plastique dans les placards. Aux repas, des aliments sains achetés en circuit court.

En novembre 2023, les Delbart ont pris une première « claque » avec la révélation par la Radio-Télévision belge francophone (RTBF) d’une pollution massive des eaux de la région aux substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), des produits chimiques ultra-toxiques et très persistants. Alors que divers signaux d’alarme auraient dû mobiliser les autorités, peut-être dès 2017, au moins 20 000 Wallons ont continué de boire pendant des mois, voire des années, de l’eau contaminée, révèle la télévision publique. A Chièvres et à Ronquières, dans le Hainaut, à Nandrin et à Florennes, dans les provinces de Liège et de Namur, personne n’a jamais rien su.

Chez les Delbart, où l’on a fait confiance aux messages officiels de la Wallonie qui juraient que l’eau du robinet était « la plus pure », règne aujourd’hui une forme de sidération. « Nous sommes quand même les responsables, car c’est nous qui avons mis de l’eau du robinet dans les biberons et les gourdes de nos deux enfants », dit tristement Virginie Delbart.

Branle-bas de combat

Des pics de présence de PFAS quatre fois supérieurs à une future norme européenne – 100 nanogrammes (ng) par litre d’eau pour chaque PFAS détectée – avaient pourtant parfois été relevés. La Société wallonne des eaux (SWDE) avait été invitée à mettre en place des systèmes de filtrage, mais avait tardé à le faire. La Flandre, qui achète de l’eau à la Wallonie, s’est officiellement inquiétée dès mars 2022.

Or l’armée américaine, qui dispose d’une base à Chièvres, avait alerté dès 2018 sur une contamination aux PFAS consécutive à l’utilisation de mousses anti-incendie. Les militaires du 309e escadron aéroporté ne buvaient d’ailleurs, depuis, que de l’eau en bouteille. Un conseiller de la ministre de l’environnement de l’époque, l’écologiste Céline Tellier, avait été averti, mais il n’aurait rien fait de cette information. Il est, à ce stade, l’un des rares responsables à avoir été sanctionné. Les élections législatives fédérales de juin ont renvoyé les écologistes dans l’opposition.

L’enquête de la RTBF a, en tout cas, déclenché le branle-bas de combat, avec des débats parlementaires enflammés, la mise en cause de la ministre et des promesses de vigilance accrue. Abandonnant son attitude condescendante, voire arrogante, des débuts de l’affaire, la SWDE a tenté de convaincre d’un retour à la normale et de la potabilité de l’eau.

Il vous reste 58.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link