Emmy a fait promettre à sa mère, Laure Marivain, d’« aller au bout ». Emmy est décédée le 12 mars 2022, après sept années à lutter contre un cancer. Elle avait 11 ans. « Aller au bout » passe par une audience programmée mercredi 9 octobre, à 14 heures, devant la cour d’appel de Rennes. « Tu dois faire savoir au monde, maman », lui a demandé Emmy, dont les photos, sourire aux lèvres, avec son frère et sa sœur, ornent le salon de la nouvelle maison familiale qu’elle n’a pas eu le temps de découvrir, dans la région nantaise. Faire savoir qu’Emmy n’est pas tombée malade « par hasard », comme lui ont répété des médecins. Et « lever un tabou » : l’exposition des professionnels de la fleur aux pesticides. « Si l’on m’avait mise en garde, ma fille serait encore là » : Laure Marivain a été fleuriste de 2004 à 2008 puis représentante de fleurs de 2008 à 2011 dans les Pays de la Loire.
Selon les informations du Monde et de la cellule investigation de Radio France, Emmy est le premier enfant dont le décès est reconnu par le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). Le FIVP admet « le lien de causalité entre la pathologie [d’Emmy] et son exposition aux pesticides durant la période prénatale ». Une première pour une victime décédée. Une première, aussi, pour un professionnel de la fleur.
L’indemnisation proposée par le FIVP, en revanche, prend seulement en compte les préjudices subis par « les ayants droit », soit une somme forfaitaire de 25 000 euros pour chacun des parents de l’enfant. C’est cette indemnisation que Laure Marivain et son époux contestent devant la cour d’appel de Rennes. « C’est comme si Emmy et sa famille n’avaient pas souffert pendant toutes ces années », commente François Lafforgue, l’avocat de M. et Mme Marivain.
Entre le diagnostic de leucémie aiguë lymphoblastique B, en janvier 2015, et son décès, une rémission complète et trois rechutes, Emmy a passé quatre cent soixante-huit jours au service d’oncologie pédiatrique du CHU de Nantes, à enchaîner examens médicaux et interventions chirurgicales. Douleurs lombaires osseuses, sciatiques, céphalées, vomissements, séances de chimiothérapie épuisantes, perte de cheveux, perte de poids, isolement social, angoisse de mourir… Le calvaire de la fillette est retranscrit dans les rapports médicaux. Celui de la famille d’Emmy n’est consigné nulle part. Contacté, le gestionnaire du FIVP, la Mutualité sociale agricole, affirme ne pas avoir de « mandat pour s’exprimer sur la politique d’indemnisation du fonds créé par la loi ».
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