Boeing précipite le départ de son PDG

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Le PDG de Boeing n’aura pas réussi à tenir jusqu’à la fin de l’année. Le conseil d’administration de l’avionneur américain a annoncé, mercredi 31 juillet, la nomination de Kelly Ortberg. Il prendra ses fonctions pour succéder à Dave Calhoun dès le 8 août. Cette annonce fait écho aux très mauvais résultats financiers de l’avionneur, qui a dévoilé, mercredi, une perte de 1,44 milliard de dollars (environ 1,33 milliard d’euros) entre avril et juin, après avoir notamment livré moins d’avions qu’escompté.

Nommé, début 2020, à la présidence de Boeing après les deux crashes du 737 qui avaient causé la mort de 346 passagers et membres d’équipages, en 2018 et 2019, Dave Calhoun, financier de formation, avait pour mission de remettre l’avionneur sur de bons rails et de redresser ses comptes. Un double échec. Depuis janvier, lorsqu’une porte-bouchon d’un appareil d’Alaska Airlines a été éjectée dans les airs, le PDG était acculé. Il ne se passait pas une semaine sans qu’un Boeing ne soit victime d’un incident. La réputation de l’avionneur était gravement entachée par ces problèmes récurrents de qualité. En mars, M. Calhoun avait dû se résoudre à annoncer son départ prévu fin 2024. Le conseil d’administration a préféré accélérer.

Face à ses ratés industriels, Boeing, largement dominé par Airbus sur le marché des moyen-courriers − les avions les plus vendus au monde −, et en passe d’être dépassé aussi sur celui des long-courriers − les appareils les plus rémunérateurs −, le groupe américain se devait de réagir avec vigueur.

Changement d’ère

Avec la désignation de Kelly Ortberg, c’est un ingénieur qui prend les commandes. Agé de 64 ans, ce vieux routier de l’aéronautique, où il a œuvré pendant plus de trente-cinq ans, est notamment passé par Rockwell Collins devenu depuis Collins Aerospace, filiale du groupe américain RTX, un fournisseur du secteur de premier rang au monde.

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Pour relancer Boeing, Kelly Ortberg a accepté de sortir de sa retraite, prise en 2021. Sa nomination pourrait annoncer, sinon une révolution, au moins un changement d’ère à la direction de l’avionneur. A l’issue du rachat, en 1997, de McDonnell Douglas par Boeing, ce sont des anciens dirigeants de l’ex-rival, au profil de financiers, très focalisés sur la rentabilité au détriment des enjeux industriels qui avaient pris les rênes de l’avionneur de Seattle. Un choix lourd de conséquences. Au tournant des années 2010, lorsque les Chinois commandaient au tandem Safran-General Electric le moteur de leur futur moyen-courrier, devenu le C919, Boeing renonçait, lui, à lancer un nouvel appareil. Par souci d’économie, il avait opté pour une troisième version, baptisée Max, de son vieux 737 conçu dans les années 1960.



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