pourquoi y a-t-il une résurgence des maladies infectieuses ?

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Au centre de vaccination Hancy de la Ville de Nice, le 9 octobre 2023.

Et si nous étions plus malades depuis la pandémie de Covid-19 ? Grippe, bronchiolite, mais aussi rougeole, tuberculose et polio : depuis deux ans, les épidémies de maladies infectieuses se multiplient en France et dans le monde entier. Dernière alerte en date, la coqueluche, cette infection bactérienne provoquant une toux très intense, est en recrudescence dans toute l’Europe depuis le début de l’année.

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De là à conclure que le Covid-19, en plus de trois ans de pandémie, a rendu la population mondiale plus vulnérable aux maladies infectieuses, il y a un pas que les scientifiques refusent de franchir. « Il n’y a pas un phénomène unique qui sous-tend la hausse de toutes ces maladies résurgentes », prévient Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d’immunologie clinique et des maladies infectieuses à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne).

De son côté, Brigitte Autran, immunologiste et présidente du comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), appelle à la prudence : « Il n’y a pas de données qui permettent de dire de façon précise que toutes ces résurgences sont les conséquences directes du Covid et des mesures barrières. » Pour autant, un certain nombre de tendances se dégagent des dernières résurgences épidémiques.

Le masque a freiné de nombreux virus

La première est simple comme une addition. Il s’agit du phénomène de rattrapage notamment observé avec la bronchiolite dès octobre 2022. Pendant deux ans et demi, la circulation du SARS-CoV-2 a été en partie bloquée par des confinements et le port du masque. Mais, avec lui, de nombreux virus respiratoires ont également été freinés, comme le syncytial, responsable de la grande majorité des bronchiolites, ou les virus influenza, qui provoquent des épidémies de grippe tous les ans. Les enfants nés entre 2020 et 2022 ne sont donc pour la plupart pas entrés en contact avec ces virus qui touchent particulièrement les plus jeunes d’entre eux.

Mais, une fois les restrictions sanitaires levées, au printemps 2022, ces virus ont de nouveau circulé, infectant ainsi une population beaucoup plus importante qu’à l’accoutumée d’enfants non immunisés. Pour résumer, plusieurs générations d’enfants se sont retrouvées en même temps à l’hôpital, saturant des services déjà affaiblis.

« Aujourd’hui, il y a une absence d’immunité collective face à ces maladies qui ont peu circulé pendant le Covid. Quand elles arrivent sur un terrain non préparé, elles ont tendance à se disséminer plus rapidement et à créer des formes plus sévères », explique Stéphane Paul, professeur d’immunologie et membre de la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé.

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