les universités bousculées par un afflux de candidatures, « venues de toute la France »

3330


Quand il lance la plate-forme Mon master, début 2023, le ministère de l’enseignement supérieur nourrit l’espoir d’en tirer une cartographie de l’offre universitaire de formations visant l’insertion professionnelle des étudiants. Cet outil, qui centralise les candidatures, a mis fin aux recrutements directs que pratiquaient jusqu’ici les soixante-quatorze universités françaises. Ce mardi 4 juin, ils seront encore 200 000, fraîchement diplômés de licence ou en reprise d’études, à découvrir les premiers résultats 2024 sur la plate-forme.

Selon la ministre de l’enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, le bataillon de plusieurs milliers d’étudiants qui chaque été demeuraient « sans master » faute d’avoir été acceptés dans une formation aurait résulté d’un mauvais aiguillage. Depuis le vote, en 2016, de la loi prévoyant un « droit à la poursuite d’études » – qui garantit l’entrée en master à tout diplômé de licence –, le nombre de ces formations est resté stable, autour de 3 500 masters (qui se déclinent en près de 8 000 parcours de formation). Depuis 2016, la population étudiante, elle, a bondi de 11,3 %, avec 295 000 étudiants supplémentaires.

La ligne de conduite du gouvernement est pourtant restée intangible : pas question d’ouvrir de nouvelles formations malgré la « tension » rencontrée dans des filières comme le droit, la psychologie et l’économie-gestion. Quelque 185 000 places sont offertes aux 200 000 candidats, argumente le ministère, et si « les masters de droit sont en tension, certaines universités, comme Brest, loin d’être saturées, ne remplissent pas toutes les places offertes », avait directement pointé Sylvie Retailleau devant les sénateurs, le 20 juillet 2022, avant de prévenir : « Ouvrir des places ailleurs serait gaspiller l’argent public ! »

Tenter sa chance partout

Quel bilan peut-on en tirer des premiers pas de Mon master ? D’abord, que les formations ont dans l’ensemble fait face à un afflux de candidatures en 2023, permis par la simplicité technique offerte par la plate-forme. Une tendance qui devrait se renouveler en 2024, selon les premières remontées des universités.

Grâce à un calendrier unifié entre établissements, les candidatures s’effectuent de manière plus fluide, dans la limite de quinze demandes dans des masters classiques et quinze autres dans des masters en alternance, ce qui a poussé certains à tenter leur chance un peu partout. Jusqu’à entraîner, parfois, « une forme de fuite des bons étudiants vers de plus grandes universités » dans des disciplines comme la physique et la chimie, observe Mickaël Derivaz, directeur de la faculté des sciences et techniques à l’université de Haute-Alsace, qui a constaté de Mulhouse une échappée vers l’université de Strasbourg. « C’est plus simple pour eux, puisqu’il suffit d’un clic pour être candidat. A nous d’avoir une stratégie pour garder ces étudiants », commente-t-il.

Il vous reste 65.61% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link