Entre la France et l’Azerbaïdjan, une relation dégradée

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Emmanuel Macron accueille le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, à l’Elysée, le 20 juillet 2018.

La diplomatie française a longtemps cherché à jouer les médiatrices entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, aux côtés de l’Union européenne, de l’Allemagne ou des Etats-Unis, y voyant un moyen d’affirmer son influence face à la Russie dans un Caucase en pleine recomposition. Emmanuel Macron s’est volontiers affiché aux côtés de Nikol Pachinian, le premier ministre arménien, et d’Ilham Aliev, l’autocrate azerbaïdjanais, pour tenter d’apaiser les relations entre les deux voisins, voire signer un hypothétique accord de paix.

Mais depuis la reprise du contrôle de l’enclave du Haut-Karabakh par Bakou à l’issue d’une offensive éclair, au prix de l’exode de 120 000 Arméniens, en septembre 2023, Paris a peu à peu été exclu du jeu par l’Azerbaïdjan, en raison de son soutien à l’Arménie. Les tensions se sont exacerbées entre Bakou et Paris, Ilham Aliev accusant régulièrement la France, où vit une importante diaspora arménienne, de « diaboliser » son pays.

« L’Arménie est face à une pression continue, y compris sur sa frontière, avec une forme de grignotage de son territoire, [elle] est dans une logique de défense de son territoire et de sa population », assurait encore le ministère de la défense français en février, avant que Sébastien Lecornu ne fasse une première visite à Erevan, afin de préciser la coopération militaire engagée en octobre 2023 avec l’Arménie, qui redoute que son puissant voisin, plus riche, mieux armé et soutenu par la Turquie, ne cherche à pousser son avantage.

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Le 16 avril, la France a rappelé pour consultation son ambassadrice à Bakou, Anne Boillon, « en raison de la poursuite au cours des derniers mois, par l’Azerbaïdjan, d’actions unilatérales dommageables pour la relation entre nos deux pays », a expliqué le Quai d’Orsay. La date de son retour à Bakou n’est, à ce jour, pas encore fixée. Recevant la diplomate à l’Elysée, Emmanuel Macron « a exprimé le souhait d’une clarification par la partie azerbaïdjanaise de ses intentions ». « La France rappelle son soutien à la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dans le respect du droit international et de l’intégrité territoriale des deux pays », a fait savoir Paris.

Fermeture du lycée français

Début avril, la France avait déjà déploré la prolongation de la détention provisoire en Azerbaïdjan d’un ressortissant français, Martin Ryan, accusé d’espionnage. Des allégations que les autorités françaises ont « catégoriquement » rejetées. Trois semaines après son arrestation, début décembre 2023, le régime Aliev avait annoncé l’expulsion de deux diplomates français. La France avait répliqué le lendemain par une mesure similaire.

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