A La Réunion, le conseil régional sanctionné après avoir recruté des proches de la majorité

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Le conseil régional, à Saint-Denis de La Réunion, le 21 décembre 2023.

Des embauches « illégales », des procédures de recrutement « entachées d’irrégularités d’une certaine gravité ». C’est avec ces termes que le tribunal administratif de Saint-Denis de La Réunion a condamné, vendredi 22 mars, le conseil régional de La Réunion à indemniser dix-huit de ses anciens agents dont le contrat à durée déterminée n’avait pas été reconduit. « Foutus dehors comme des chiens », a dit l’un d’eux.

Une décision qui intervient alors que deux plaintes venant d’anciens employés et du syndicat autonome de la fonction publique territoriale de La Réunion (SAFPTR) ont été déposées fin 2022 contre la collectivité. La présidente, Huguette Bello (divers gauche), et plusieurs responsables de sa majorité sont accusés d’avoir fait embaucher des membres de leur famille ou des militants ayant rendu service pour les campagnes des élections régionales de 2021 ou des législatives de 2022.

Les juges administratifs ont, eux, examiné les requêtes de vingt-huit agents évincés de la collectivité au début de l’année 2022. Tous occupaient dans les lycées de l’île des postes d’agent polyvalent, d’agent de maintenance ou d’animateur du « plan ordinateur portable ». Dix-huit d’entre eux ont obtenu gain de cause avec des indemnisations entre 2 000 et 10 000 euros. Le tribunal n’a pas fait droit aux demandes de réintégration. Pour huit cas, les juges ont relevé « l’inadéquation manifeste entre le profil du candidat retenu et celui recherché pour occuper le poste sur lequel il a été recruté ». Pour dix autres, « les formalités de la présélection et de l’entretien de recrutement n’ont pas été accomplies conformément aux règles applicables ».

Neveu, fils, frère

Parmi les requérants indemnisés, un ancien agent polyvalent du conseil régional a vu avec stupéfaction le neveu de la présidente de la collectivité régionale le remplacer. « Mon client n’a bénéficié d’aucun entretien de recrutement et n’a donc pu défendre sa candidature », observe Me Doriane Domitile, qui défend aussi une ancienne agente évincée au profit du fils d’un conseiller régional de la majorité, Axel Vienne (divers gauche). « La région l’a recruté alors qu’il n’avait pas participé à cette campagne de recrutement de 2022, déplore l’avocate. Ma cliente, qui donnait satisfaction, a été laissée longtemps dans l’espoir d’un nouveau contrat et a fait l’objet de manœuvres parfaitement abjectes. » Dans un autre dossier, c’est le frère de la huitième vice-présidente de la région, Céline Sitouze (divers gauche), qui a pu bénéficier d’une embauche.

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