« Il n’y a aucun dirigeant comme lui »

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Vendredi 15 mars, jour de vote ensoleillé à Koroliov, ville moyenne de 230 000 habitants des environs de Moscou. Devant le bureau de vote numéro 1056, installé dans le massif bâtiment de la Maison de la culture, Ioulia Sergueïevna, 75 ans, savoure l’instant avant de regagner son domicile, à un jet de pierre. « Il faut faire son devoir le plus tôt possible, ne pas remettre les choses à plus tard, affirme la vieille femme, qui s’est coquettement vêtue pour l’occasion. C’est comme ça qu’on m’a éduquée, au Komsomol [les jeunesses communistes] puis au sein du Parti. »

La pratique du vote sur trois jours n’est vieille que de quatre ans – elle a été introduite lors du référendum constitutionnel de 2020, qui permet aujourd’hui à Vladimir Poutine de briguer un nouveau mandat présidentiel – mais pour certains citoyens, elle fait déjà figure de tradition.

Ioulia Sergueïevna, 75 ans, retraitée, ancienne employée du Centre de contrôle des vols spatiaux, à Koroliov, une ville à environ 30 km de Moscou, le 15 mars 2024.

Malgré son passé communiste, Ioulia Sergueïevna ne vote pas pour le candidat de ce parti, Nikolaï Kharitonov, mais pour Vladimir Poutine. « J’aime comment il se comporte avec les gens, plaide-t-elle. Il sait écouter et il ne ment jamais. Prenez Tucker Carlson [l’animateur américain]. Poutine lui a accordé une interview, alors que tous les autres dirigeants refusaient, et maintenant les Américains savent tous que notre métro est plus propre que le leur. »

« Le seul qui peut amener la paix »

Parmi les électeurs de Vladimir Poutine rencontrés en ce premier jour de vote, Ioulia Sergueïevna est une exception : plutôt que la situation géopolitique, elle cite plus spontanément les réalisations intérieures, pour vanter le bilan du dirigeant sortant. « Le stade a été reconstruit, la piscine rénovée… Et le président a promis que le prochain mandat serait consacré aux difficultés sociales. Vous avez visité le nouveau musée, dans la Maison de la culture ? » L’établissement est consacré à Sergueï Koroliov, gloire locale et père du programme spatial soviétique.

A l’image d’un grand nombre de Russes, la retraitée, elle-même ancienne employée du Centre de contrôle des vols spatiaux, soutient sans la moindre hésitation l’action du chef du Kremlin et de son armée en Ukraine, tout en souhaitant que la fin des hostilités arrive le plus vite possible. « Il est le seul qui peut amener la paix, croit la septuagénaire. Tous les autres dirigeants se sont “chié dessus”, il n’y a rien à attendre d’eux. »

Alexandre P., 66 ans, retraité, devant du bureau de vote de Koroliov, une ville à environ 30 km de Moscou, le 15 mars 2024.
Graffiti dans Koroliov, une ville à environ 30 km de Moscou, le 15 mars 2024.

Alexandre P., (les personnes désignées par une initiale n’ont pas voulu donner leur nom), 66 ans, un autre retraité, qui a exercé « tous les métiers depuis l’âge de 17 ans », dit lui aussi espérer, sans trop y croire « que tout cela finira dans l’année ». Pourtant, il place « l’opération militaire spéciale » en Ukraine au crédit du bilan de Vladimir Poutine : « Nous sommes russes, nous n’abandonnons pas les nôtres face aux fascistes », résume-t-il, attribuant aux Occidentaux la responsabilité du déclenchement du conflit.

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