Dix mille pas et plus. Et si le meilleur médicament n’était pas l’activité physique (AP), comme cette chronique s’attelle à le démontrer depuis 2017, mais l’AP couplée à des tâches cognitives ? Ces dernières années, tout un pan de recherche explore les synergies entre les deux types d’entraînement et tente de déterminer les meilleures modalités pour les combiner, afin d’optimiser les bénéfices pour la santé et les fonctions cérébrales.
Une équipe française vient ainsi de publier une étude pilote évaluant le Lü, un exergame, ou jeu vidéo actif (telles les consoles Nintendo ou Wii), qui permet d’apprendre en bougeant. Pour répondre à des questions de mathématiques, sciences, histoire…, les participants lancent une balle sur un mur interactif, en visant une cible ou la bonne réponse.
Né au Québec, et diffusé depuis quelques années en Europe et en France, ce « gymnase interactif » est composé d’un vidéoprojecteur laser haute définition, d’une caméra de détection de mouvements et d’une unité audiovisuelle, créant un environnement immersif. Dans quelle mesure une telle plate-forme peut-elle favoriser l’AP et les apprentissages ? Aurélie Goncalves, enseignante-chercheuse en sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) et santé publique à l’université de Nîmes, et ses collègues, dont l’article est paru le 23 février dans la revue JMIR Serious Games, ont enrôlé 79 élèves de 7 à 11 ans d’une école primaire (du CE1 au CM2). Pendant trois semaines, ils ont eu onze séances collectives d’une demi-heure de Lü, découpées en trois temps : un échauffement de quatre minutes avec une application de danse, vingt minutes de mathématiques, puis trois minutes de retour au calme par de la méditation.
Amélioration de la concentration
Les auteurs montrent d’abord que cette stratégie, qui correspond aux trente minutes d’AP quotidienne désormais recommandées dans les écoles primaires, est faisable, bien acceptée par les parents, les professeurs et les jeunes participants. Dans ce temps d’expérimentation limité, des effets encourageants sont déjà observés. Ainsi, les chercheurs constatent une augmentation de 3,6 % (jusqu’à 8 % pour les CM2) de la littératie physique, concept qui correspond à l’acquisition de « la compétence, la confiance, les connaissances et la motivation nécessaires pour s’engager dans l’activité physique pour la vie ».
« Cela signifie que ces enfants comprennent mieux l’intérêt de l’activité physique », résume Aurélie Goncalves. Les évaluations mettent aussi en évidence une hausse significative (d’environ 10 %) de la motivation pour les mathématiques, mais sans amélioration des performances dans cette matière. Plus surprenant, des effets positifs ont été mesurés sur l’apprentissage du français (non travaillé avec la plate-forme Lü), avec en particulier une augmentation, dans cette discipline, de la concentration et des résultats scolaires. Les chercheurs notent toutefois des limites à cette étude pilote, qui n’a pas recherché d’éventuels gains en matière de condition physique, ni comparé les enfants à un groupe témoin.
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