Nouveau coup de théâtre au cœur de la politique péruvienne. Le premier ministre, Alberto Otarola, soupçonné de trafic d’influence, a annoncé, mardi 5 mars, sa démission.
Dans des enregistrements audios diffusés au cours du week-end dans l’émission de télévision Panorama de la chaîne Panamericana Television, M. Otarola s’entretient amoureusement avec une femme de 25 ans, Yazire Pinedo, qui a obtenu cette année deux contrats de travail, d’une valeur totale de quelque 13 000 euros, pour effectuer des travaux d’archivage et d’administration pour le gouvernement.
« Dis-moi, alors, mon amour, que nous puissions parler », entend-on d’une voix supposée être celle de M. Otarola. « Tu sais que ces choses sont ennuyeuses, qu’elles sont pénibles, mais tu sais aussi que je t’aime », faisant apparemment allusion aux formalités administratives liées à l’obtention de ces contrats.
« Lors d’une conversation avec la présidente de la République [Dina Boluarte], j’ai annoncé ma décision de démissionner », a ainsi déclaré, mardi lors d’une conférence de presse, M. Otarola, 57 ans, qui a assuré, dans un message posté sur son compte X, avoir pris cette décision « afin de rassurer la présidente et de remanier le cabinet ».
« Je continue à servir le pays, comme je l’ai fait tout au long de ma vie professionnelle », a-t-il ajouté.
Une enquête ouverte
M. Otarola, qui a attribué la révélation de ces enregistrements à ses adversaires politiques, a nié toute violation du droit du travail péruvien ou tout autre acte répréhensible. « Je me soumettrai bien sûr à toutes les enquêtes, mais l’avis des experts sera absolument clair quant à la manière grossière dont ces enregistrements ont été montés et présentés au public », a-t-il ajouté lors de la conférence de presse. Lundi, sur X, il avait affirmé comprendre « la gravité des circonstances politiques (…) mais je répète que je n’ai rien fait d’illégal ».
Mardi, Mme Pinedo a affirmé que les conversations divulguées remontaient à 2021, avant qu’il ne soit ministre, et reconnu avoir eu une brève « relation peut-être sentimentale » avec lui.
Le bureau du procureur a annoncé l’ouverture d’une enquête pour trafic d’influence. Les partis d’opposition réclamaient à l’unisson la démission de M. Otarola, 57 ans, marié et père de cinq enfants, en poste depuis décembre 2022.
Dans un pays marqué par une forte instabilité gouvernementale, aucun « président du conseil des ministres » n’avait connu un mandat aussi long depuis celui de Pedro Cateriano qui était resté en poste pendant presque un an et quatre mois entre avril 2015 et juillet 2016.