Après l’assassinat du numéro deux du Hamas à Beyrouth, le Hezbollah libanais face à une difficile équation

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Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah (sur écran), lors d’une cérémonie marquant le quatrième anniversaire de l’assassinat du commandant militaire iranien, Qassem Soleimani, lors d’une attaque américaine, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 3 janvier 2024.

Hassan Nasrallah médite encore sa réponse. Le discours qu’avait prévu de tenir le chef du Hezbollah libanais, mercredi 3 janvier, pour l’anniversaire de la mort du général iranien Ghassem Soleimani, architecte de l’axe « de la résistance » à Israël, tué en Irak, en 2020, dans une frappe américaine, était très attendu, après l’assassinat ciblé, attribué à Israël, la veille, au cœur de Beyrouth, du numéro deux du bureau politique du Hamas, Saleh Al-Arouri. Mais il a surtout promis d’y revenir plus en détail dans un nouveau discours, vendredi, au lendemain de l’inhumation de Saleh Al-Arouri, dans le camp de réfugiés palestiniens de Chatila, à Beyrouth.

Mercredi, le chef du Hezbollah s’est contenté de réitérer ses menaces contre l’Etat hébreu, sans dévoiler les contours d’une riposte. Après avoir dénoncé un « crime dangereux » commis dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion de son mouvement, « visé ainsi, pour la première fois depuis 2006 », lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah, il a assuré que cet assassinat « ne rester[ait] pas impuni ».

Le Parti de Dieu fait face à une difficile équation. Il ne peut pas ne pas répondre à ce qu’il juge être une provocation d’Israël dans son fief, une ligne rouge pour lui. Mais une riposte trop cinglante, remettant en question le fragile équilibre de la dissuasion, qui s’est instauré depuis octobre 2023 avec Israël, le long de la frontière libanaise, risque de l’entraîner dans une guerre totale qu’il ne souhaite pas.

« Front de soutien » au Hamas

« Lorsque nous avons ouvert le front du Sud, le 8 octobre [au lendemain de l’intervention israélienne à Gaza par représailles, à la suite de l’attaque du Hamas], nous l’avons fait pour soutenir le peuple opprimé de Gaza, tout en prenant en considération l’intérêt national et les difficultés au Liban », a justifié Hassan Nasrallah, selon qui le Hezbollah intervient comme « front de soutien » au Hamas. Mark Regev, conseiller du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait pris soin de lui donner des arguments pour une réponse mesurée en affirmant que la frappe ne visait ni le Liban ni le Hezbollah – sans pour autant la revendiquer.

Les attaques du Hezbollah contre le nord d’Israël depuis la mort de Saleh Al-Arouri restent dans le cadre des règles d’engagement auxquelles les deux belligérants se tiennent depuis le 8 octobre. Le harcèlement quotidien des positions militaires israéliennes proches de la frontière par le mouvement armé chiite a tué neuf soldats et cinq civils. A l’exception de quelques frappes en profondeur sur des positions du Hezbollah, les répliques de l’armée israélienne se concentrent, elles aussi, sur la bande frontalière. Elles ont fait 129 morts parmi les combattants du Hezbollah, dont un responsable au Liban sud, mercredi, et tué plus de vingt civils.

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