Au parc VDNKh, à Moscou, la Russie fantasmée de Vladimir Poutine

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LETTRE DE MOSCOU

Des gens patinent au VDNKh, l’Exposition des réalisations de l’économie nationale à Moscou, le 24 novembre 2023.

Démesure et gigantisme, affirmation de puissance, réminiscences soviétiques… Aucun autre lieu de la capitale russe ne pouvait mieux convenir au dessein de Vladimir Poutine : VDNKh, littéralement l’Exposition des réalisations de l’économie nationale, a été inaugurée en 1939 pour promouvoir la grandeur et la diversité de l’URSS. L’immense parc, situé dans le nord de ville, reste prisé des Moscovites et des touristes qui viennent y sentir un parfum de soviétisme de moins en moins désuet ou acheter des produits d’artisanat biélorusse et kazakh.

C’est là, entre les pavillons à l’architecture stalinienne grandiose, qu’a pris ses quartiers l’exposition « Russie », ouverte au public du 4 novembre 2023 au 12 avril 2024 et dont le cahier des charges affiche clairement les ambitions : « Présenter les réalisations de notre pays dans les domaines les plus variés, montrer aux Russes la véritable Russie moderne, un pays dont on peut et dont on doit être fiers. »

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Le rappel au soviétisme n’est pas superflu. Il suinte dès les premiers pas du parcours, qui s’ouvre par la « galerie des réalisations », long tunnel où les statistiques les plus improbables s’affichent sur des écrans géants au design ultramoderne : « 500 millions de mètres carrés d’habitations construits » ; « 30 000 kilomètres de routes tracées ou rénovées chaque jour » ; « qualité de vie améliorée pour 10 millions de personnes » ; « 350 000 containers en plus pour le tri des déchets » ; « 280 000 marques russes créées » ; « Les animaux les plus rares sauvés de l’extinction » ; « Un soutien aux familles sans égal dans le monde » ; « 91 % des jeunes sont fiers de la Russie »… Un arrière-goût de plan quinquennal dopé à la musique techno, qui sert de fond sonore.

« Tout ça, c’est grâce à l’Etat », clame une guide qui conduit au pas de charge un groupe d’écoliers aux yeux écarquillés. Plus enthousiastes, deux retraitées ont déjà sorti leur smartphone pour partager leur émerveillement avec leurs proches quelque part en Russie : « Regarde, regarde comme c’est beau ! » Depuis son lancement, l’exposition revendique 3 millions de visiteurs. Et, en ce mardi de décembre, il y a foule – jeunes et moins jeunes, familles, et une multitude de groupes convoyés depuis les régions par diverses institutions.

Bois de l’Altaï et yourtes de Khakassie

Le clou du spectacle est l’immense hall accueillant les stands des « 89 sujets de la Fédération » – 83 reconnus internationalement, auxquels il faut ajouter les territoires annexés à l’Ukraine : Crimée, Sébastopol, Donetsk, Louhansk, Zaporijia, Kherson. La créativité est au rendez-vous, avec des architectures audacieuses s’appuyant sur les spécificités régionales : bois de l’Altaï, yourtes de Khakassie, glaces du Kamtchatka, forteresses médiévales de Pskov…

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