« 40 % de nos cliniques se retrouvent en déficit en 2023, c’est du jamais-vu »

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L’hôpital privé Saint-Joseph à Paris, le 20 août 2013.

Lamine Gharbi, président de la Fédération de l’hospitalisation privée, qui compte 1 030 cliniques et hôpitaux privés à but lucratif, s’inquiète d’un déficit inédit qui touche aussi son secteur, en raison de l’inflation. Il appelle l’Etat à compenser ces coûts, et regrette une « dichotomie de traitement » avec le secteur public qu’il estime injustifiée.

Voilà plusieurs mois que vous alertez sur les finances dégradées des cliniques, quelle est la situation ?

En 2023, 40 % de nos cliniques et hôpitaux privés se retrouvent en déficit, pour 670 millions d’euros, contre 25 % les années précédentes. C’est du jamais-vu. Si rien ne change, ce sera le cas cette année de la moitié de nos 1 030 établissements, qui représentent 19 milliards de budget. Les répercussions sont déjà là. La chirurgie réussit à rester à l’équilibre mais il y a tout le reste : ce sont des fermetures ou des diminutions d’activité aux urgences, en obstétrique, en soins médicaux et de réadaptation, le blocage de toute extension en psychiatrie…

Cela fait des mois que nous attendons une réponse de l’Etat. Nous demandons au minimum qu’il « solde » l’inflation 2023, qui est la cause de nos difficultés. Avec la fédération des hôpitaux publics [la Fédération hospitalière de France], nous avons évalué à 1,5 milliard d’euros l’enveloppe nécessaire. Le ministère de la santé vient d’annoncer une aide de 500 millions d’euros, ça ne peut être qu’une première étape, car c’est bien en deçà des besoins.

Contrairement au secteur public, votre volume d’activité est plus important que prévu en 2023. Vos ressources n’ont-elles pas augmenté ?

Nous avons 400 millions d’euros de « surexécution » budgétaire [par rapport à ce qui était prévu dans l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie]. Nous avons pris en charge des patients qui en avaient besoin, des patients que le public ne pouvait pas soigner, nous avons joué notre rôle de complémentarité. Mais nous sommes pénalisés : à cause de l’inflation, les tarifs pour cette activité [que verse l’Etat aux établissements pour chaque groupe de patients et de séjours, dans le cadre de la tarification à l’activité qui représente 90 % des revenus du privé à but lucratif] ne couvrent absolument pas nos charges. Donc plus on travaille, plus on perd de l’argent, c’est un effet ciseaux inacceptable ! Nous demandons d’urgence une campagne tarifaire [la fixation des tarifs pour l’année 2024 par l’Etat, qui est décidée en mars] à la hauteur des véritables coûts pour nos établissements.

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