« Vous cherchez la petite bête »

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 Marine Le Pen et son avocat, Mᵉ Rodolphe Bosselut, à la barre du tribunal de Paris, le 14 octobre 2024.

Marine Le Pen s’est défendu pied à pied, avec une énergie intacte après sept longues heures d’interrogatoire – ce doit être l’habitude des nuits de débat parlementaire. Elle n’a pas cédé un pouce, avec autant d’orgueil que d’autorité, et les avocats de la défense ne lui ont servi que de maigres faire-valoir. La députée du Pas-de-Calais intervient certes souvent au procès des assistants européens du Front national (FN, devenu Rassemblement national en 2018), lorsque ses anciens collaborateurs se noient dans leurs contradictions. Mais lundi 14 octobre, et jusqu’à mercredi, devant le tribunal correctionnel de Paris, c’est elle qui est directement visée pour « détournement de fonds publics » et elle entendait donner sa mesure.

Marine Le Pen est cependant sur le fil du rasoir, entre une défense politique offensive et le besoin de justifier le travail de ses assistants. « Le Parlement européen englouti les députés, on peut y dormir, manger, aller chez le coiffeur, tout est fait pour que les élus vivent en vase clos, a dit la chef de file de l’extrême droite. Notre boulot, c’est de les extraire de ce cadre de vie, qu’ils fassent de la politique. » Pour elle, il n’est pas possible de distinguer la présidente du RN de la députée européen, « au Parlement, lorsqu’on était trois, puis sept, on avait un poids épsilonesque. Il nous restait que la parole politique, le mandat, c’est aussi l’activité politique ».

Même chose pour les assistants parlementaires, « mutualisés », c’est-à-dire qu’ils travaillaient pour plusieurs députés, « sans que l’administration ne nous dise quoi que ce soit », assure Mme Le Pen. Or, le député travaille pour son parti, et ses assistants pour lui : c’est bien ce que le Parlement européen lui reproche, d’avoir payé des assistants qui en réalité travaillaient à ses frais pour le parti, ce qui est explicitement interdit. « Je n’ai pas le sentiment d’avoir commis la moindre irrégularité », proteste pourtant la députée, qui voit dans le procès un sournois règlement de comptes de l’ancien président social-démocrate du Parlement, Martin Schulz.

« Ce n’est pas pour le parti, c’est au bénéfice du parti »

Mᵉ Patrick Maisonneuve, l’avocat du Parlement, lui rappelle qu’elle a déclaré, « lorsque les assistants parlementaires n’étaient pas strictement occupés à des tâches parlementaires, ils pouvaient à la demande de leur député travailler pour le parti dont les députés sont tous membres… » Marine Le Pen « conteste formellement » avoir dit cela. Manque de chance, elle l’a dit, et écrit : il s’agit d’une déclaration liminaire lue au juge d’instruction. « Vous cherchez la petite bête, tente la prévenue, ce n’est pas pour le parti, c’est au bénéfice du parti. »

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