Volodymyr Zelensky, président à durée indéterminée

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Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à Kiev, le 17 mais 2024.

Cinq années se sont écoulées depuis cette journée ensoleillée du 20 mai 2019 lors de laquelle le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, avait prêté serment dans l’enceinte de la Verkhovna Rada, le Parlement de Kiev. « Chacun de nous est président », avait déclamé le novice en politique alors âgé de 41 ans, fraîchement élu avec 73,2 % des voix par des électeurs rêvant de changement, séduits par ses nombreuses promesses de négocier une fin à la guerre dans le Donbass, de mettre un terme à la corruption, d’améliorer les retraites, d’augmenter les salaires…

Cinq années ont passé, et l’ancien comédien devenu chef de guerre n’a plus rien à voir avec ce qu’il représentait alors. Ses traits se sont durcis, sa barbe lui mange le visage. Volodymyr Zelensky n’apparaît plus que vêtu de kaki militaire, une tenue inamovible depuis le début de l’invasion par la Russie, déclenchée le 24 février 2022. Alors que son mandat aurait dû expirer cette semaine en temps de paix, le président devrait, dans les conditions actuelles, rester au pouvoir tant que la guerre durera, la Constitution excluant la tenue d’élections sous la loi martiale.

La perspective de conserver le même président pour toute la durée de la guerre, discutée dans le pays depuis l’hiver 2023, est globalement acceptée par la population, inquiète d’un scrutin qui pourrait être « source de division dans le pays », assure Oleksi Haran, professeur en sciences politiques et chercheur à la Fondation des initiatives démocratiques. Selon différents instituts de sondage, la majorité des Ukrainiens considère surtout qu’il est impossible de mener une élection en raison de l’état de guerre, alors que plusieurs centaines de milliers d’entre eux servent dans l’armée et que des millions d’autres sont réfugiés ailleurs dans le monde. « Nous ne sommes pas capables de mener de vraies élections compétitives, alors que l’ensemble du pays est bombardé. C’est aussi simple que ça », résume l’expert.

Mais, si le président faisait l’objet, à la fin du mois de mars 2022, d’un taux de confiance inédit dans le pays, d’environ 90 %, les instituts de sondage observent une baisse de sa popularité à mesure que dure la guerre. Cette tendance s’est amorcée à partir de l’automne 2023, après l’échec de la contre-offensive ukrainienne pendant l’été de la même année sur les territoires occupés par l’armée russe. « Les critiques contre le président Zelensky ont repris, et sa cote de popularité, avec celle d’autres institutions de l’Etat, a commencé à baisser progressivement », constate Volodymyr Fessenko, analyste politique et directeur du centre de réflexion Center for Political Studies « Penta ».

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