Une tempête solaire intense, un phénomène qualifié de « très rare », touche la Terre depuis vendredi 10 mai, et devrait persister tout le week-end. Pour la première fois depuis près de vingt ans (2005), une alerte à la tempête géomagnétique de niveau 4, sur une échelle de 5, a été émise par le Centre de prévision de la météo spatiale (SWPC) américain.
« Une série d’éjections de masse coronale, qui sont des explosions de particules énergétiques et de champs magnétiques partant du soleil, sont dirigées vers la Terre », a expliqué lors d’une conférence de presse Shawn Dahl, de ce centre rattaché à l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).
La première d’entre elles, « très forte », a atteint la Terre vendredi vers 18 h 30 (heure de Paris), a précisé l’agence. « Il pourrait y avoir des impacts sur les infrastructures », a dit Shawn Dahl. « Nous avons notifié tous les opérateurs avec qui nous travaillons, comme les opérateurs de satellites, de communications et bien sûr du réseau électrique en Amérique du Nord », a-t-il ajouté.
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Le Soleil est actuellement proche de son pic d’activité, selon un cycle qui revient tous les onze ans. Ces éjections de masse coronale − dont au moins sept dirigées vers la Terre ont été observées − proviennent d’une tache solaire faisant environ seize fois le diamètre de la Terre. Elles se déplacent à plusieurs centaines de kilomètres par seconde.
Une alerte aux radiations sans inquiétude pour le moment
Shawn Dahl a recommandé aux habitants de s’équiper de batteries ou potentiellement de générateurs, comme pour tout autre avis de tempête. Mais les opérateurs électriques ont depuis dix ans travaillé à mieux protéger leurs réseaux, a rassuré Rob Steenburgh, scientifique au SWPC. Les effets ne pourront survenir que sur des lignes à haute tension, pas chez les particuliers, et des systèmes comparables à des disjoncteurs existent par exemple.
Les signaux GPS pourraient aussi être affectés, a-t-il précisé. Il a également dit que son agence était en contact très régulier avec la NASA, qui assure la sécurité des astronautes dans la Station spatiale internationale (ISS), plus vulnérables aux radiations solaires. Une alerte aux radiations a également été émise, mais de seulement 1 sur une échelle de 5, ne causant donc pas d’inquiétude pour le moment.
En ce qui concerne le trafic aérien, l’Agence américaine de l’aviation civile (FAA) a dit « ne pas s’attendre à des conséquences importantes ». Les tempêtes géomagnétiques peuvent perturber les outils de navigation et les transmissions radio à haute fréquence, a toutefois expliqué le régulateur aérien américain, ajoutant avoir conseillé aux compagnies aériennes et aux pilotes d’« anticiper » les perturbations éventuelles.
L’avis de vigilance précède l’alerte, lorsque la tempête est effectivement observée. De plus petites tempêtes géomagnétiques atteignant le niveau 4 ont été observées ces dernières années, la dernière en mars. Mais elle n’avait alors duré que quelques heures. L’événement en cours devrait être d’une toute autre ampleur, quoique toujours moindre que la tempête solaire de 1859, la plus importante enregistrée selon la NASA. Aussi connue sous le nom d’événement de Carrington, elle correspondait à un événement de niveau 5, et avait très fortement perturbé les communications par télégraphe.
« Le cadeau de la météo spatiale »
Ce type de tempête affecte notamment les latitudes nord et sud, autour des pôles, a expliqué, à l’Agence France-Presse, Mathew Owens, professeur de physique spatiale à l’Université de Reading. Et « plus la tempête est forte, plus cela va bas en termes de latitude », a-t-il expliqué.
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Dans l’hémisphère Sud, des pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande suivent également de près ce type de situations, a expliqué Shawn Dahl. L’événement devrait ainsi engendrer des aurores boréales et australes, y compris dans des régions où elles ne sont pas habituelles. Aux Etats-Unis, des aurores boréales devraient pouvoir être observées sur la plupart de la moitié nord du pays, et peut-être aussi bas qu’en Alabama ou dans le nord de la Californie, selon NOAA.
« Si vous êtes à un endroit où il fait noir, sans nuage et avec peu de pollution lumineuse, vous pourriez voir des aurores boréales assez impressionnantes », a dit Rob Steenburgh. « Et c’est vraiment le cadeau de la météo spatiale. »