
Rien ne permet, en l’état des connaissances scientifiques, d’établir un lien entre la prise de paracétamol pendant la grossesse et l’apparition de troubles autistiques chez l’enfant, conclut, lundi 10 novembre, une vaste étude publiée dans le British Medical Journal.
« Les données actuellement disponibles sont insuffisantes pour avérer un lien entre l’exposition au paracétamol in utero et l’autisme ainsi que le trouble du déficit de l’attention (TDAH) pendant l’enfance », conclut cette étude.
Le président américain, Donald Trump, a plusieurs fois suggéré un tel lien au cours des dernières semaines. En septembre, il a explicitement appelé les femmes enceintes à ne pas prendre de paracétamol.
Consensus médical
La communauté scientifique a très largement dénoncé ces allégations, rappelant que le consensus médical ne retient pas un tel lien, et que le paracétamol – commercialisé sous le nom Tylenol aux Etats-Unis – est, au contraire, l’antidouleur de choix pour les femmes enceintes, à l’inverse de l’aspirine ou de l’ibuprofène, ces derniers présentant des risques avérés pour le fœtus. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déjà insisté, immédiatement après les propos de M. Trump, sur l’absence de preuves d’un tel lien.
L’étude publiée par la revue vient renforcer ce consensus. Elle ne se fonde pas sur de nouvelles recherches, mais donne le tableau le plus complet et le plus précis en date sur l’état des connaissances. Il s’agit d’une meta-analyse. Ce type de travail compile d’autres études qui, elles-mêmes, ont essayé de dresser un bilan des connaissances. C’est, en résumé, une synthèse de synthèses.
Plusieurs études ont bien avancé un lien possible entre paracétamol et autisme ou TDAH. Mais leur qualité est « faible » ou « extrêmement faible », selon les auteurs de l’étude du British Medical Journal, et, la plupart du temps, elles ne prennent pas assez de précaution pour exclure le rôle d’autres facteurs comme les prédispositions génétiques ou les problèmes de santé de la mère.
Ces critiques portent notamment sur une étude, publiée en 2025, dans la revue Environmental Health et régulièrement citée par l’administration Trump. Elle avançait la possibilité d’un lien, sans toutefois conclure à son existence.
Plusieurs experts ont salué l’étude du British Medical Journal. « [Elle] se base sur une méthodologie de grande qualité qui confirme ce que les experts répètent à travers le monde entier », a ainsi jugé Dimitrios Siassakos, professeur d’obstétrique à l’University College London, dans une réaction au Science Media Center britannique.



















