une nouvelle enquête préliminaire pour trouver « des victimes éventuellement non identifiées »

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Joël Le Scouarnec, devant la cour criminelle du Morbihan, à Vannes, le 25 février 2025.

Le parquet général de Rennes a annoncé, jeudi 20 mars, l’ouverture d’une nouvelle « enquête préliminaire concernant des victimes éventuellement non identifiées ou nouvellement déclarées » de Joël Le Scouarnec, actuellement jugé à Vannes pour violences sexuelles sur 299 patients.

« En dépit des investigations menées, de la forte médiatisation de l’affaire, des réunions et des communications organisées, il reste toujours possible (…) que certaines victimes n’aient pu, encore, être identifiées », a-t-il annoncé, précisant que le parquet de Lorient avait ouvert cette nouvelle enquête pour « agressions sexuelles et viols, sachant que [ces qualifications] seront affinées selon chaque situation au vu des éléments établis ».

Jugé à Vannes depuis le 24 février par la cour criminelle du Morbihan, Joël Le Scouarnec, 74 ans, écrivait minutieusement dans des fichiers le récit des violences sexuelles infligées à ses victimes, majoritairement mineures, dont il écrivait souvent le nom, le prénom et l’âge. Les enquêteurs de la section de recherches de la gendarmerie de Poitiers – qui est saisie de cette deuxième enquête, selon le parquet général de Rennes – ont, grâce à ce matériel, retrouvé quelque 300 victimes.

Des victimes mentionnées dans les « carnets », mais pas retrouvées

Mais de nombreux autres noms apparaissent dans ces « carnets », et ces personnes n’ont pas été retrouvées par les enquêteurs. « Certaines n’ont pu, encore, être identifiées, auditionnées, ont refusé de l’être, ne se sont pas manifestées, soit à l’étranger ou dans une autre situation d’empêchement », a expliqué le parquet général de Rennes.

« On ne s’opposera pas à ce que M. Le Scouarnec soit entendu pour cette nouvelle enquête », a déclaré à l’Agence France-Presse l’un des avocats de l’ex-chirurgien viscéral, Thibaut Kurzawa. M. Le Scouarnec est « dans une démarche où il ne peut pas exclure l’existence » de victimes non identifiées, sans pour autant l’« admettre » d’emblée, a-t-il précisé. S’il est convoqué dans le cadre de l’enquête, « il se pliera à cet exercice », a-t-il affirmé, rappelant que son client reste « présumé innocent » dans le cadre de cette nouvelle enquête.

M. Le Scouarnec, déjà condamné à 15 ans de prison en 2020 pour viols et agressions sexuelles sur quatre enfants à Saintes (Charente-Maritime), a déjà reconnu « des faits sur » sa petite-fille, a rappelé Me Kurzawa. Le 28 février, lors d’une audience de son procès en cours à Vannes, Joël Le Scouarnec, en présence de son fils aîné venu témoigner à la barre, avait avoué « des actes d’abus sexuels sur [sa] petite-fille ». Le parquet de Lorient avait fait savoir dans la foulée à la presse que « des suites judiciaires » seraient données à ces déclarations.

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« Un nombre de victimes qu’on n’est pas en mesure de chiffrer »

Le 28 février, le directeur d’enquête, membre de la section de recherches de Poitiers, avait été interrogé cinq heures durant par la présidente Aude Buresi qui lui avait demandé s’il était « en mesure d’affirmer qu’aucune victime n’[avait] été oubliée ». Le gendarme avait affirmé que ses enquêteurs avaient « recensé la majorité des victimes dans [les] écrits » de l’accusé.

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Qualifiant l’ouverture de cette nouvelle enquête d’« avancée formidable », Francesca Satta, avocate de plusieurs parties civiles, a dit avoir été contactée par des personnes estimant avoir été « oubliées » par les enquêteurs. « Tous les jours, j’ai de nouvelles personnes qui me contactent et qui me demandent si elles ne sont pas potentiellement victimes de Joël Le Scouarnec », a-t-elle déclaré.

L’AFP a pu consulter le procès-verbal d’une personne ayant déposé plainte au début de mars pour « viol sur mineur » contre Joël Le Scouarnec. Pour Céline Astolfe, avocate de l’association Fondation pour l’Enfance, « il est vraisemblable que nous n’ayons pas une liste exhaustive des victimes » de M. Le Scouarnec. « D’abord parce qu’on s’est limité aux carnets ; on n’a pas interrogé non plus la Sécurité sociale » afin d’avoir la liste intégrale des patients de l’ancien chirurgien, a souligné Mme Astolfe. « On sait qu’il y a un nombre de victimes qu’on n’est pas en mesure de chiffrer, qui seront a priori jamais identifiées », a-t-elle regretté.

Le Monde avec AFP

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