Quatre jours après l’incendie criminel contre une synagogue à La Grande-Motte (Hérault), le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé, mercredi 28 août, l’ouverture d’une information judiciaire, notamment pour « association de malfaiteurs terroriste en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes » et « tentative d’assassinats, commise en raison de la race ou la religion ».
Dans ce communiqué, le PNAT ajoute avoir requis la mise en examen et le placement en détention provisoire du principal suspect, El Hussein K., un Algérien âgé de 33 ans en situation régulière. Le ministère public affirme qu’il « a reconnu les faits dès sa première audition », expliquant « avoir agi pour soutenir la cause palestinienne, contestant toute intention homicide mais concédant avoir eu l’intention de faire peur ».
Le parquet requiert la mise en examen de deux autres personnes de son entourage, l’un pour avoir « pris en charge au Grau-du-Roi » le suspect, et l’autre en raison du fait qu’El Hussein K. « apparaît avoir partagé son projet » avec lui, selon les premiers éléments de l’enquête. Un juge d’instruction est saisi du dossier et doit se prononcer sur ces réquisitions Ce sera ensuite à un juge des libertés et de la détention (JLD) de dire s’il suit les réquisitions de placement en détention provisoire.
Le PNAT revient aussi sur le déroulé de l’attaque qui a visé samedi matin la synagogue Beth-Yaacov de La Grande-Motte. Après avoir dormi dans sa voiture à proximité du lieu de culte, El Hussein K. s’est dirigé vers la synagogue aux alentours de 8 h 20 « muni de plusieurs bouteilles en plastique remplies de carburant, d’une hache comportant des mentions écrites de sa main relatives à la Palestine, à Gaza et au sang des musulmans et porteur d’une arme de poing ».
Un policier légèrement blessé
Revêtu d’un keffieh et d’un drapeau palestinien, le suspect a ensuite escaladé le mur d’enceinte de la synagogue, avant « d’allum[er] plusieurs foyers » pour mettre le feu. « Cinq personnes dont le rabbin se trouvaient lors des faits à leurs domiciles, situés au premier étage du bâtiment », précise le communiqué. Par ailleurs, sur le parking, où se trouvaient des bouteilles de gaz, l’une d’entre elles a explosé « lors de l’intervention des premiers secours, occasionnant de légères blessures à un policier municipal », explique le ministère public.
Après cette attaque, El Hussein K. enjambe ensuite le mur d’enceinte de la synagogue pour repartir avec son véhicule. « Il y déclenchait un début d’incendie et l’abandonnait à quelques dizaines de mètres de la synagogue », poursuit le PNAT. Après avoir regagné son domicile à Nîmes, dans le quartier Pissevin, El Hussein K. a été interpellé samedi soir par les forces de l’ordre après un échange de tirs avec la police.
D’après le PNAT, l’Algérien de 33 ans, qui a été condamné en octobre 2022 pour des faits de conduite état d’ébriété, « s’est radicalisé dans la pratique de sa religion depuis plusieurs mois et nourrit également, de longue date, une haine des juifs, plus spécialement focalisée sur la situation en Palestine ».
Cette attaque a provoqué une profonde émotion dans l’Hérault et au sein de la communauté juive. Mardi soir, un millier de personnes s’est rassemblé à Montpellier pour afficher dénoncer l’antisémitisme, dont les actes sont en forte hausse depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque terroriste du Hamas en Israël. La présidente de la communauté juive de La Grande-Motte, Sabine Atlan, a notamment lancé à cette occasion un appel « aux forces républicaines pour que nos discours soient sans ambiguïté », alors que des manifestants portaient des pancartes affirmant « Nos vies valent plus que l’importation du conflit ».