
La Postale philatélie, à Paris, organise une vente sur offres clôturée le 15 avril.
Parmi les plus de 4 000 lots – essentiellement de France et de ses ex-colonies – qui attendent une enchère, les classiques ne déméritent pas : un 15 centimes vert au type « Cérès » de la première émission de 1849, bénéficiant de « quatre belles marges », est au prix de départ de 10 000 euros.
Un bloc de quatre du 40 centimes orange, coin de feuille, « un des plus beaux exemplaires connus », selon le vendeur, démarre à 23 000 euros. Un bloc de quatre du même, oblitéré, est à 3 900 euros. Une version de ce 40 centimes dans une teinte foncée, toujours en bloc de quatre, bord de feuille latéral, pointe à 8 800 euros. On reste dans les blocs de quatre, mais du 1 franc carmin, « fraîcheur postale », « grande rareté de la philatélie française », avec une mise à prix à 37 000 euros.
Une sélection de treize lots du timbre « vedette », le 1 franc vermillon, donne des prix allant de 3 000 euros (vermillon vif détaché, oblitération « grille », filet effleuré dans l’angle gauche, sinon très beau), à 21 000 euros (« vermillon pâle Vervelle, neuf, nuance vive, sans aminci (rare). Quatre belles marges équilibrées »), en passant par deux 1 franc vermillon sur lettres, à partir de 4 400 et 9 500 euros.

Au prix de départ de 70 000 euros, voici encore une grande rareté, une paire tête-bêche, bord de feuille inférieur, quatre belles marges et fraîcheur postale, du 20 centimes bleu foncé « Cérès » non émis, avec gomme d’origine, dont on ne connaît que trois exemplaires.
Une feuille complète de 150 exemplaires du 1 centime olive « Empire » (1860) à l’effigie de Napoléon III débute à 12 000 euros, ce qui ramène le prix du timbre à 80 euros !

Il n’y a pas que de grosses cotes : par exemple, un lot de 26 exemplaires oblitérés du 80 centimes carmin « Empire », « dont nuances », est à 180 euros minimum, à comparer avec ce même 1 franc carmin, foncé, « en paire coin de feuille avec double ligne d’encadrement », neuve, à 39 000 euros.
Toujours parmi les timbres émis au XIXe siècle, la vente disperse quelques non émis au type « Sage » : 20 centimes brun-lilas (type II), à 1 800 euros ; 20 centimes bleu sur turquoise, non dentelé (type II), à l’unité bas de feuille (1 000 euros) ou en bloc de quatre, coin de feuille (3 000 euros), etc.
Guerre franco-prussienne de 1870-1871, un magnifique « ballon » dit « des Gravilliers », est mis au prix de départ de 15 000 euros. Le terme « ballon » désignant pour les philatélistes la lettre transportée par « ballon »…
« Alfred Roseleur (1820-1881), demeurant rue des Gravilliers, à Paris, envoie régulièrement de ses nouvelles à sa femme qui se trouve dans la Creuse, explique Le Patrimoine de La Poste (Flohic Editions, 1996). Il expédie du 22 septembre 1870 au 25 janvier 1871 plus de cent ballonnets d’enfants de son balcon, dont une vingtaine fut retrouvée ».

Le « ballon », dont l’enveloppe comporte la mention manuscrite « Prière de mettre à poste de France » (là où le ballon échouera) mis en vente est constitué d’une « lettre avec texte de Paris le 10 novembre 1870 adressée par Roseleur à sa femme à Aubusson (Creuse) », avec des « recommandations » : « Pour le cas où les ballons montés de l’Administration ne remplieraient pas bien leurs missions (…), je te réitère ici mes recommandations : au premier bruit d’approche de l’ennemi partir (…) pour Genève (…) ». La lettre a été déposée au bureau de Pithiviers, avec cachet à date du 18 décembre 1870, arrivée à Aubusson le 8 janvier 1871, le cachet de la poste faisant foi !
On poursuit avec les timbres du XXe siècle et un 1,50 franc paquebot Normandie (1936) non émis dans sa teinte bleu-vert, à 18 500 euros.
Puis on trouve un 10 francs CITEX (1949) noir – au lieu de rouge –, qui pourrait faire beaucoup mieux que son prix de départ de 3 000 euros.
L’expert parisien Behr explique, dans Timbres magazine d’avril, que « pour le centenaire du 20 centimes noir de 1849 [le premier timbre de France], l’Administration des postes sous la direction de son secrétaire d’Etat Eugène Thomas organisa à Paris une grande exposition. Un bloc de dix timbres de 10 francs fut émis de couleur vermillon qui correspondait au prix d’entrée à l’exposition. Pour remercier M. Thomas, l’Administration fit imprimer un seul bloc CITEX en noir à son attention. Ce dernier, proche de Théodore Champion [célèbre négociant philatélique de l’époque] lui céda ce bloc quelque temps après. Il n’existe donc que dix exemplaires de ce non-émis, dont une bande de trois (…) ».

A la rubrique « Poste aérienne », les incontournables timbres et plis de l’Ile-de-France (1928), parmi une quinzaine de lots, proposent des cotes de 750 à 27 000 euros, selon l’état et l’origine.
Au titre des « spécialités », une feuille complète de cent exemplaires du timbre « Francisque », 70 centimes gris-noir, que l’on ne voit pas souvent, avec coin daté du 10 avril 1942, pointe à 17 000 euros.

Les amateurs de signatures autographes d’artistes du timbre trouveront les noms de Decaris, d’Achille Ouvré, Gandon, Cottet, Hertenberger, Combet, Jumelet (quelques projets de « Marianne » 250/300 euros), Beaujard, etc.

La vente se termine avec les ex-colonies françaises.
On retiendra des rubriques à suivre pour la Côte des Somalis ou Saint-Pierre-et-Miquelon, tandis qu’un 15 centimes surchargé sur 30 centimes noir, taxe du Gabon, est à 2 800 euros.
Cérès Philatélie et Behr
Quelques ventes passées, maintenant, qui valent pour leurs invendus toujours disponibles à leurs prix de départ.
Chez Cérès Philatélie, à Paris, si un 1 franc vermillon pâle (« Vervelle ») est parti à 15 936 euros lors de la vente sur offres clôturée le 11 mars, il reste des invendus toujours accessibles :
– Bloc de quatre neuf du 25 centimes bleu « Cérès », 19 000 euros ;
– circulaire de retrait du 1 franc vermillon, comportant une moitié de 1 franc vermillon et une moitié de 1 franc carmin, document complet sur feuillet double, 40 000 euros ;

– bloc de quatre bord de feuille du 5 francs « Empire » violet-gris, non dentelé, 30 000 euros ;

– Monaco, mariage de la princesse Charlotte (1920), 5 francs + 5 francs rose sur verdâtre, bloc de quatre coin de feuille, 17 500 euros.

Chez Behr, à Paris, comptez 42 000 euros pour un bloc de quatre, neuf, du 1 franc carmin foncé « Cérès » de la première émission.
Un 1 franc vermillon en bande de trois, bas de feuille complet avec inscription manuscrite, « ex-collection Walske, une des seules bandes connues de ce timbre », culmine à 175 000 euros.

Un 10 centimes bistre-jaune « Présidence » de 1852, bord de feuille avec filet d’encadrement, est à 90 000 euros.

Un « ballon monté » (guerre de 1870-1871) pour le Japon, à l’origine proposé à 70 000 euros, est disponible à 56 000 euros : le Vauban, lettre affranchie d’un 80 centimes rose lauré, cachet à date de Paris, du 25 octobre 1870 à destination d’Osaka, passage à Marseille, arrivée par le bureau de Yokohama le 25 décembre.
En attendant la vente sur offres organisée par Le Timbre classique, fixée au 29 avril…