

Vendredi 14 mars, le président de la République, Emmanuel Macron, recevra les industriels de la défense pour leur fixer une nouvelle feuille de route visant à accélérer les cadences de livraison d’équipements. Antoine Bouvier, ancien PDG du missilier européen MBDA et ex-directeur de la stratégie d’Airbus, plaide pour une « application stricte du principe de préférence européenne ». Il juge que la France a su maintenir des compétences industrielles sur tout le spectre des armements, même pendant la période des « dividendes de la paix ». Cela doit lui permettre de relancer la production.
Quelles sont les conséquences des bouleversements géopolitiques actuels sur l’industrie française de défense ?
Après la fin de la guerre froide et la chute de l’URSS [en 1991], nous avons vécu la période des « dividendes de la paix ». Le budget de la défense a longtemps été la variable d’ajustement du budget de l’Etat. Les industriels devaient être flexibles, mais à la baisse : réduction des quantités commandées et allongement des calendriers de développement. L’outil industriel était optimisé pour le permettre. Les stocks devaient être limités et la chaîne d’approvisionnement production aussi duale [civile et militaire] que possible. Il était également indispensable de développer les exportations pour atteindre une taille critique que les commandes des armées françaises n’assuraient pas. L’objectif majeur était de maintenir les compétences critiques et un outil industriel robuste, dimensionné souvent au-delà de ce qui aurait été strictement nécessaire pour assurer le plan de charge.
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