un succès militaire, une opportunité politique

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La mort de Yahya Sinouar, tué par l’armée israélienne dans le sud de Gaza, met un point final à une trajectoire synonyme de carnages et de désolation. Il est le dernier en date d’une longue liste de responsables du Hamas éliminés pour avoir choisi l’impasse de la lutte armée et du terrorisme.

Architecte des massacres de civils israéliens perpétrés le 7 octobre 2023, Sinouar aura multiplié les erreurs d’analyse. Son coup de force, par sa barbarie, a ressoudé temporairement une société israélienne qu’il pensait sur le point de rompre sous le poids de réelles divisions. Ses alliés s’en sont tenus à une solidarité minimale, loin de l’embrasement régional qu’il appelait de ses vœux, même si le Hezbollah libanais l’a pourtant payée au prix fort : la décapitation de sa direction. Le régime iranien a également essuyé les affronts, en Syrie comme sur son sol, théâtre de l’assassinat d’un autre chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, le 3 juillet.

Pris au piège de la dérive meurtrière de Yahya Sinouar, et des atrocités commises le 7-Octobre, ce sont cependant les Palestiniens de Gaza qui ont versé le plus lourd tribut. Interdite à la presse internationale par Israël, l’étroite bande de terre, étranglée pendant dix-sept ans par un blocus indigne, a été ravagée comme jamais, depuis un an, par les bombardements de l’armée israélienne. Cette dernière a tué des dizaines de milliers de civils et blessé des dizaines de milliers d’autres, même s’il est encore difficile de prendre la mesure de cette tragédie sans précédent dans l’histoire déjà douloureuse du peuple palestinien.

« Jour d’après »

Le succès militaire que peuvent légitimement revendiquer Israël et son premier ministre, Benyamin Nétanyahou, est marquant, mais il ne saurait suffire. Un cessez-le-feu doit être instauré et les otages israéliens toujours détenus à Gaza doivent être rendus à leurs proches, alors que la diplomatie a été jusqu’à présent plus efficace que la force pour obtenir la libération d’une grande partie d’entre eux, en novembre 2023.

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Surtout, Israël n’est toujours pas en mesure de présenter une vision politique crédible pour ce « jour d’après » qui s’esquisse. L’affaiblissement considérable de la milice palestinienne offre une opportunité à condition, pour l’Etat hébreu, de rompre avec un unilatéralisme qui fait obstacle à la paix et aux droits légitimes des Palestiniens.

Ne rien modifier des paramètres qui ont conduit à cette année tragique est la garantie d’un prochain cycle de violences, toujours plus dévastatrices, toujours plus sanglantes. Faut-il le rappeler, les Palestiniens qui auront 18 ans en 2025 à Gaza n’ont connu que le joug islamiste du Hamas, la privation de liberté, la guerre et la décimation de leurs familles par l’armée israélienne.

La perpétuation du conflit est donc écrite si rien n’est fait. Il ne s’agit pas que de Gaza, terre à l’agonie dont la reconstruction deviendra rapidement un cauchemar si aucune pression n’est exercée sur les autorités israéliennes pour desserrer le nœud qui l’étrangle. Une guerre à bas bruit se déroule également dans la Cisjordanie occupée, sur laquelle pèsent, plus que jamais, la colonisation israélienne et ses logiques d’annexion. Elle est attisée par l’aile suprémaciste et messianique de la coalition dirigée par Benyamin Nétanyahou. Le désengagement international, pendant une décennie, a produit ce que l’on sait. Il y a donc urgence à sortir d’un attentisme qui n’a profité qu’aux extrêmes.

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Le Monde

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