Une nouvelle étude du groupement d’intérêt scientifique Epi-Phare, rendue publique jeudi 19 décembre, a montré que l’utilisation prolongée de pilules contraceptives contenant du désogestrel 75 μg seul présente un risque de méningiome (une tumeur cérébrale) pour les femmes de plus de 45 ans. Ce risque est toutefois « très faible », selon un communiqué publié par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), Epi-Phare et la Caisse nationale d’assurance-maladie. « Il apparaît à partir de cinq ans d’utilisation et augmente avec la durée, il est multiplié par deux au-delà de sept ans d’exposition. » Commercialisés sous les noms d’Optimizette, Cérazette, Antigone, Elfasette, et sous des versions génériques Désogestrel 75, ces progestatifs, qui font partie des micropilules, ont été utilisés par 1,2 million de femmes en 2023. Ils sont souvent prescrits en post-partum.
Le travail a été mené à partir du Système national des données de santé, en prenant en compte les 8 391 femmes opérées de méningiomes intracrâniens, des tumeurs cérébrales le plus souvent bénignes, entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2023, appariées avec 83 910 femmes témoins. Résultat, ces interventions concernent une femme pour 67 000 utilisatrices du désogestrel, quelle que soit la durée d’exposition, et une pour 17 000 exposées plus de cinq ans.
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Le lien entre traitements progestatifs et méningiomes n’est pas nouveau. Un premier cas avait été décrit avec l’acétate de cyprotérone (Androcur) en 2007. Depuis, plusieurs études ont confirmé l’association. Outre l’Androcur, d’autres progestatifs augmentent le risque : Lutéran (acétate de chlormadinone), Lutényl (nomégestrol), Colprone (médrogestone), Surgestone (promégestone) – qui n’est plus commercialisé – et Depo Provera (acétate de médroxyprogestérone). A propos de ce dernier, Alain Weill, directeur adjoint d’Epi-Phare, anticipe « une crise mondiale avec ce contraceptif injectable tous les trois mois, pris par 74 millions de femmes dans le monde ». Une étude publiée dans le BMJ avait montré que l’utilisation prolongée de l’acétate de médroxyprogestérone injectable (Depo Provera) est associée à un risque de méningiome multiplié par 5,6. Point positif : en cas d’arrêt depuis plus d’un an, le surrisque de méningiome disparaît.
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