Un rapport du gouvernement américain sur le climat accusé de déformer des études scientifiques

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De la fumée s’élève des cheminées de la centrale à charbon Hugh L. Spurlock, à Mayville (Kentucky), le 12 juin 2025.

Des scientifiques de premier plan ont affirmé, jeudi 31 juillet, à l’Agence France-Presse (AFP) que leurs recherches, citées dans un rapport phare du ministère américain de l’énergie, avaient été détournées pour minimiser le rôle de l’activité humaine dans le changement climatique.

Ce rapport, publié le 29 juillet, expose les arguments qui ont conduit l’administration Trump à revenir, mardi, sur une décision clé datant de 2009 pour la régulation des émissions de gaz à effet de serre, mettant encore un peu plus à mal la lutte contre le changement climatique aux Etats-Unis. Il a été rédigé par un groupe de travail auquel ont participé John Christy et Judith Curry, tous deux associés par le passé au Heartland Institute, un groupe de pression qui s’oppose fréquemment au consensus scientifique sur le changement climatique.

Le document « déforme complètement mon travail », a dit à l’AFP Benjamin Santer, climatologue et professeur honoraire à l’université d’East Anglia, au Royaume-Uni. Il a expliqué qu’une section du rapport consacré au « refroidissement de la stratosphère » contredisait ses conclusions. L’AFP et d’autres médias, dont le site d’information américain Notus, ont trouvé des citations inexactes, des analyses erronées et des fautes rédactionnelles dans le rapport.

C’est la troisième fois cette année que des scientifiques déclarent à l’AFP qu’une agence gouvernementale américaine a déformé des travaux universitaires pour défendre ses politiques. La Maison Blanche s’était notamment empressée en mai de modifier un rapport sur les maladies affectant les jeunes Américains qui se fondait, dans un premier temps, sur des études scientifiques inexistantes.

« Interprétation erronée de nombreuses études »

« Je suis préoccupée par le fait qu’une agence gouvernementale ait publié un rapport destiné à informer le public et à orienter les politiques sans qu’il n’ait été soumis à un processus rigoureux d’évaluation par les pairs, tout en interprétant de manière erronée de nombreuses études qui, elles, l’ont été », a réagi auprès de l’AFP Bor-Ting Jong, professeure assistante à la Vrije Universiteit d’Amsterdam. Elle a souligné que ce document contenait de fausses affirmations concernant le modèle climatique étudié par son équipe et utilisait une terminologie différente ayant conduit à une mauvaise interprétation de ses résultats.

Chercheur en climatologie à l’Université de St Andrews, en Ecosse, James Rae, qui dénonce également une mauvaise présentation de ses travaux dans le rapport du ministère américain de l’énergie, a déclaré à l’AFP que le changement dans la manière dont cette administration utilisait la science est « véritablement glaçant » ; elle « a été pendant des décennies à la pointe de la recherche scientifique. Or [son] rapport ressemble à un exercice d’étudiant en licence visant à déformer la science du climat », a-t-il ajouté.

Contacté par l’AFP, un porte-parole du ministère a indiqué que le document en question avait été examiné en interne par un groupe de scientifiques et d’experts en politiques publiques. Le public aura désormais la possibilité de formuler des commentaires sur son contenu avant sa publication finale au registre fédéral.

Le Monde avec AFP

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