Un rapport dénonce le recrutement massif d’enfants par les gangs en Haïti

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Des enfants accompagnent des membres de gangs lors d’une marche organisée par l’ancien policier Jimmy « Barbecue » Chérizier, chef d’une alliance de groupes armés, à Delmas, près de Port-au-Prince, le 10 mai 2024.

Ils ont à peine 10 ou 12 ans, et font déjà partie des gangs qui sèment la terreur en Haïti. Un rapport, publié mercredi 9 octobre par l’organisation Human Rights Watch (HRW), met en lumière la vulnérabilité des enfants face à la crise sécuritaire dans laquelle le pays caribéen de onze millions d’habitants ne cesse de s’enfoncer. En l’absence de données fiables, le gouvernement et les ONG humanitaires estiment qu’« au moins 30 % des membres des groupes criminels sont des enfants », précise HRW dans ce rapport de neuf pages.

L’Organisation des Nations unies (ONU) et la plupart des experts évaluent le nombre de gangs présents en Haïti à environ deux cents. Ceux-ci compteraient au total plusieurs milliers de membres. L’organisation de défense des droits humains, basée à Washington, estime que « des centaines, voire des milliers d’enfants », ont rejoint les bandes armées, notamment pour tenter d’échapper aux conditions d’extrême dénuement dans lesquelles ils vivent. « Leurs options pour survivre étant limitées, de nombreux enfants en Haïti sont attirés par des groupes criminels », a déclaré Nathalye Cotrino, chercheuse à la division Crises et conflits à HRW, citée dans ce rapport. Au sein des gangs, les mineurs « se livrent à des activités illégales et s’exposent à de graves risques », a-t-elle ajouté.

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Une équipe de HRW s’est rendue en juillet à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, dont l’agglomération est contrôlée à 80 % par les bandes armées. Dans le pays, environ 2,7 millions de personnes, dont quelque 500 000 enfants, vivent dans des zones où les bandits font la loi, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Au cours des nombreux entretiens réalisés par HRW, les mineurs ont confirmé que la faim était « le principal facteur » qui les avait contraints à rejoindre les gangs. « Je n’avais rien. Je ne suis jamais allé à l’école. J’étais dans la rue, affamé, sans endroit où dormir, sans vêtements », témoigne Mathis. Le jour où cet orphelin de 14 ans, qui s’occupe de son frère cadet, a intégré un gang, celui-ci lui a donné « 1 150 gourdes (8 euros) et de la nourriture », poursuit-il.

Esclaves sexuelles

Les plus jeunes recrues n’ont même pas 10 ans. « J’ai rejoint le groupe à l’âge de 8 ans, parce que je n’avais pas de parents », explique Michel, un ancien membre du gang de Grand-Ravine, qui sévit dans un quartier populaire de Port-au-Prince. Le garçonnet a reçu du groupe « une kalachnikov avec un tas de balles ». Aujourd’hui âgé de 14 ans, l’adolescent dit avoir quitté cette bande après avoir assisté à des exactions. Depuis, il survit à nouveau dans la rue.

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