Le parallèle avec la situation en Ukraine, où les forces russes gagnent du terrain depuis plusieurs semaines, est saisissant. Ecarté de la présidence de la Fédération internationale d’escrime (FIE) en mars 2022, lorsque les forces de Moscou ont attaqué le pays voisin, le milliardaire russe Alicher Ousmanov a repris le contrôle de l’instance lors d’un vote organisé samedi 30 novembre, à Tachkent, en Ouzbékistan.
La victoire de l’homme d’affaires, prévisible depuis que 103 pays membres de la FIE – dont plusieurs de l’Union européenne – avaient soutenu sa candidature, est sans appel. M. Ousmanov, 71 ans, a obtenu les voix de 120 fédérations nationales, contre 26 pour son adversaire, le Suédois Otto Drakenberg, 58 ans, ancien escrimeur de haut niveau devenu chef d’entreprise. Il va donc retrouver le poste occupé par intérim, depuis 2022, par le Grec Emmanuel Katsiadakis.
« Je suis convaincu que l’escrime possède un avenir radieux et que la discipline va connaître un développement dynamique, a déclaré M. Ousmanov, dans un communiqué publié samedi matin. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour y parvenir, malgré les récentes tentatives de dénigrement de notre sport et sa transformation en théâtre de batailles qui n’ont rien à voir avec le sport. »
Visé par des sanctions de l’Union européenne
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les soubresauts de la FIE ont plusieurs fois fait écho au conflit. D’abord quand M. Ousmanov a dû quitter son poste en mars 2022, pour ses liens supposés avec Vladimir Poutine, ce que l’intéressé nie avec force et régularité. Puis, en mars 2023, quand la fédération a été la première à acter le retour dans les compétitions internationales des athlètes russes et biélorusses exclus au commencement du conflit. Lors de l’été 2023, les Mondiaux de Milan avaient aussi été marqués par la disqualification de la sabreuse ukrainienne Olga Kharlan, pour son refus de serrer la main de son adversaire russe.
M. Ousmanov, dont la fortune personnelle est évaluée à 13 milliards de dollars (12,3 milliards d’euros) par Bloomberg, s’est enrichi grâce à des investissements dans l’industrie métallurgique. Il est visé par des sanctions de l’Union européenne, qui étaient toujours en vigueur en septembre, selon l’Agence France-Presse. Il est notamment soumis à des limitations de déplacements dans certains pays, dont la Suisse, où se trouve le siège de la FIE (à Lausanne), et à un gel de ses avoirs.
Dans le communiqué publié samedi, le milliardaire, qui est né en Ouzbékistan, pays dont il est citoyen d’honneur, indique : « Je suis toujours soumis à des restrictions injustifiées, que je conteste actuellement devant les tribunaux. À cet égard, je déclare que j’ai toujours agi au mieux des intérêts de la FIE et que je continuerai à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que les restrictions juridiquement infondées qui m’ont été imposées ne soient étendues à la FIE et à ses activités. »
Malgré ce contexte, M. Ousmanov entend « maintenir l’escrime sur le podium des sports olympiques les plus populaires » dans les années à venir.