Un militant écologiste « dégonfleur » de pneus de SUV condamné

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Un petit groupe d’activistes pour le climat mène une opération de dégonflage de pneus de SUV pour dénoncer l’utilisation de véhicules polluants, à Paris, en novembre 2022.

Jeudi 24 octobre, la 2e chambre du tribunal de police de Paris vient de condamner un prêtre client de prostituée, un taxi qui avait refusé de prendre en charge une femme et deux enfants sans que l’on comprenne bien pourquoi et un homme de 23 ans roulant à 128 km/h au lieu de 70 avec son dernier point de permis, quand vient le tour de Maxime D. En 2022, ce militant écologiste a été interpellé après avoir glissé des grains de lentille dans la valve de pneus de SUV (pour « véhicule utilitaire sportif », un véhicule de taille imposante, très populaire ces dernières années) afin de les dégonfler.

L’homme de 35 ans s’approche de la barre, « pas fier d’avoir causé du tort à d’autres personnes », même s’il estime son geste « juste et nécessaire ». Le 25 juillet 2022, il s’est rendu dans le 11e arrondissement de Paris pour une soirée dont il se rappelle encore chaque détail. « C’était après treize jours de canicule. »

Le procès-verbal des policiers, lu rapidement par le président de l’audience, se concentre sur d’autres éléments : les silhouettes de Maxime D. et de sa comparse baissées vers les pneus d’une voiture. Les pots de lentilles et la clé à desserrer les valves retrouvés dans le sac de Maxime D. Les tracts où est inscrit « nous avons dégonflé les pneus de votre SUV, ne le prenez pas pour vous » déposés sous les essuie-glaces des désignés « pollueurs ». Le président du tribunal liste les véhicules victimes : Toyota, Mercedes, Tesla, Audi… Sept SUV ont été retrouvés les pneus dégonflés le long du boulevard et dans une rue adjacente cette nuit-là.

« Devoir d’agir »

Le président du tribunal lève le nez du dossier. Maxime D. a quelque chose à ajouter. Il raconte l’« avenir terrifiant » qu’il entrevoit derrière chaque canicule, le « consensus scientifique » sur le dérèglement climatique, « l’inaction politique », la « mise en danger collective de notre société »… Derrière son sourire avenant et ses boucles presque enfantines, son « devoir d’agir » face à l’angoisse climatique s’est matérialisé ce soir-là dans une graine de lentille verte.

« Je ne dis pas que la réponse est simple, mais certaines fautes sont inacceptables. Le passage au SUV est une menace, donc ces personnes font un choix conscient d’aggraver les choses. » Il ajoute le « goût amer » que lui laisse la mort de Paul Varry, le cycliste tué le 15 octobre par un automobiliste en SUV : « Notre action n’a pas suffi et l’opinion publique a eu besoin d’un mort, sauf qu’il y en a déjà eu, des morts », lâche-t-il, en évoquant la mortalité liée à la pollution.

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