Un major de CRS sera jugé pour la main arrachée d’un « gilet jaune » en 2018

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Du matériel brûle lors d’une manifestation du mouvement des « gilets jaunes », devant l’Arc de triomphe, sur les Champs-Élysées, à Paris, le 24 novembre 2018.

Le parquet avait requis un non-lieu. Un major d’une compagnie de CRS sera jugé à Paris pour blessures involontaires sur un manifestant « gilet jaune », qui a eu la main arrachée dans l’explosion d’un tir de grenade en novembre 2018, a appris l’Agence France-Presse (AFP), mardi 10 décembre, de source proche du dossier.

Le juge d’instruction a ordonné le 4 décembre un procès devant le tribunal correctionnel. Le magistrat instructeur a estimé que le major n’était certes pas « animé par une volonté » de blesser Gabriel Pontonnier, mais qu’il n’avait pas pris les précautions nécessaires avant de tirer.

Non-respect de la procédure

Le manifestant avait été mutilé lors de l’acte II des « gilets jaunes », le 24 novembre 2018, à Paris. Les « gilets jaunes » protestaient contre la hausse des prix du carburant, et plus largement contre les taxes et la baisse du pouvoir d’achat. Huit mille manifestants étaient réunis à Paris.

Dans son interrogatoire, Jackie D. raconte qu’il commandait une section de CRS, durant une manifestation devenue « insurrectionnelle » dans l’après-midi. Vers 18 heures, sur un rond-point en bas des Champs-Elysées, le fonctionnaire de police a lancé, en face de lui, une grenade GLI-F4, malgré, a-t-il reconnu, des « conditions de visibilité [qui] n’étaient pas suffisantes », en raison des gaz lacrymogènes. Mais, selon lui, ce tir était « absolument nécessaire », en « réaction » aux manifestants, « pour faire reculer l’ensemble des individus qui [les] visaient avec leurs projectiles ».

A ce stade, la justice estime pourtant qu’il n’a pas respecté la procédure pour plusieurs raisons. Notamment parce qu’il aurait dû recevoir l’ordre exprès d’un superviseur, ce qu’on ne lui a jamais dit lors de ses formations, même les plus récentes, a-t-il assuré devant le juge. Il n’a, par ailleurs, pas prévenu à la radio qu’il allait tirer et l’aurait fait sans de préalables sommations. Sollicité par l’AFP, son avocat n’a pas souhaité commenter. La grenade GLI-F4, une arme dite intermédiaire, qui était régulièrement accusée de causer des mutilations, est interdite depuis 2020.

Le Monde avec AFP

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