un bilan effroyable et pas de perspective de sortie de crise

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Après cent jours de guerre à Gaza, où Israël poursuivait lundi 15 janvier ses bombardements massifs, l’heure n’est pas aux hésitations, aux réflexions ou au changement de cap pour l’armée israélienne. « Nous allons continuer la guerre jusqu’à la fin, jusqu’à la victoire complète, jusqu’à ce que la totalité de nos objectifs soient atteints : éliminer le Hamas, obtenir le retour de tous les otages, et faire en sorte que Gaza ne puisse absolument jamais représenter une menace pour Israël », a répété le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, samedi 13 janvier, veille du centième jour du conflit ouvert le 7 octobre 2023.

A cette date, l’acte inaugural de la guerre avait été marqué par l’assaut d’une violence inouïe mené par les hommes du Hamas, venant de Gaza, ayant entraîné la mort de 1 200 personnes et la capture d’otages, dont 136 restent aux mains du groupe islamiste. Cette attaque sans précédent a entraîné une campagne militaire israélienne qui s’avère si meurtrière pour les civils qu’elle suscite une réaction d’ampleur mondiale, et inquiète jusqu’aux alliés les plus proches d’Israël, les responsables de l’administration américaine, dont les mises en garde face à l’ampleur des destructions et des morts infligées aux Gazaouis restent lettre morte.

Rien, dans l’amplitude de ce conflit, n’est pourtant le fruit du hasard. En entrant dans Gaza, l’armée israélienne avait conscience de s’exposer à une série de pièges. D’un point de vue purement militaire, le Hamas et sa vingtaine de milliers de combattants pouvaient compter sur un réseau de tunnels offrant mobilité et protection. Ils s’étaient préparés à une guerre de harcèlement, menée dans un environnement urbain favorable, grâce à la capacité des combattants à dissimuler leurs positions au sein de la population et d’infrastructures civiles. Les troupes régulières israéliennes risquaient de fortes pertes dans ce contexte (188 soldats ont été tués depuis le début de l’offensive dans Gaza, un bilan sans précédent dans l’histoire récente), mais risquaient d’en infliger de plus lourdes encore aux civils.

 Après une frappe israélienne sur un immeuble résidentiel à Deir al Balah, dans la bande de Gaza, dimanche 14 janvier 2024.

C’était la seconde mâchoire du même piège. La solution retenue a consisté à minimiser les pertes des soldats israéliens en se livrant, par le biais d’une campagne de bombardements aériens, à la destruction de zones entières de Gaza, entraînant un nombre de victimes civiles d’une ampleur historique : 24 000 morts en cent jours, dont une majorité de femmes et d’enfants.

1,9 million de personnes déplacées

Au début de la guerre, une source sécuritaire israélienne comptant parmi les faucons disait pourtant avec assurance : « Nous pourrions tout écraser sous les bombes sans nous soucier des pertes en vies humaines. Mais nous ne sommes pas la Russie, nous ne procédons pas de la sorte. » Depuis, 1 % de la population de Gaza a été tuée. Selon l’organisation de défense des droits de l’homme basée à Genève, Euro-Med Human Rights Monitor, le chiffre des victimes s’élève à 90 000 personnes si on y ajoute les blessés et les disparus, soit 4 % de la population.

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