un arbitrage controversé entre sécurité du public et intérêts économiques

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Dans une rue de La Torre, un quartier du sud de Valence, en Espagne, le 31 octobre 2024.

Dans le flot d’images tragiques charriées par les inondations de Valence, celle d’un camion de livraison à domicile de la chaîne de supermarchés Mercadona, emporté par les eaux, avant que son chauffeur ne soit finalement sauvé par les pompiers, est devenue le symbole du faux dilemme entre la prévention des risques et la préservation de l’activité économique.

Alors que le bilan des terribles crues qui ont frappé le sud-est espagnol ne cesse de s’alourdir, et a atteint, jeudi 31 octobre, les 158 morts, la question de la responsabilité de l’administration mais aussi des entreprises valenciennes hante l’Espagne. Pourquoi la région n’a-t-elle envoyé l’alerte sur les téléphones portables des habitants qu’à 20 heures, mardi 29 octobre, quand beaucoup de gens se trouvaient déjà pris aux pièges dans leur véhicule ? L’Agence espagnole de météorologie (Aemet) avait pourtant décrété l’alerte maximale le matin, dès la première heure.

Et pourquoi les entreprises n’ont-elles pas renvoyé les salariés chez eux ? « Je veux envoyer un appel à la responsabilité des entreprises. Elles ont l’obligation de protéger la vie des travailleurs », a rappelé la ministre espagnole du travail, Yolanda Diaz (Sumar, gauche), le 30 octobre, ajoutant en direction des salariés qu’ils « n’ont pas à courir de risques ».

« Les pertes humaines sont les seules choses irréparables »

Ceux que la région et les entreprises ont pris témoignent d’un manque de confiance dans les prédictions météorologiques et de sensibilité aux phénomènes atmosphériques extrêmes, ce qui n’est pas nouveau. En septembre 2023, la présidente de la région de Madrid, Isabel Diaz Ayuso (Parti populaire, PP, droite), avait utilisé pour la première fois le protocole ES-Alert, capable d’envoyer un message à tous les téléphones des personnes présentes sur une zone à risques grâce à un système de radiofréquence, à l’occasion d’une « goutte froide » qui devait déverser des pluies « exceptionnelles » sur Madrid, selon l’Aemet. Sa décision de demander aux Madrilènes de ne pas se déplacer, sauf nécessité absolue, fut très controversée.

Les pluies torrentielles étaient tombées plus loin, provoquant deux morts et la rupture de trois ponts à Aldea del Fresno, à 50 kilomètres à l’ouest de Madrid. Il n’avait pas beaucoup plu sur la capitale espagnole, mais l’activité économique en avait pâti. Le maire, José Luis Martinez Almeida (PP), s’en était ému. « Je demande à l’Aemet d’affiner ses pronostics, non seulement du fait des préjudices économiques qu’ils peuvent causer, mais aussi de la crédibilité que doivent avoir les institutions face aux citoyens », avait déclaré le maire conservateur. Des critiques qu’avait partagées aussi Juan Manuel Moreno, le président PP du gouvernement andalou.

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