
Pour comprendre à quel point la vision internationale du président américain est désastreuse pour la sécurité européenne, il convient de dépasser la focalisation habituelle sur la relation transatlantique et de prendre en compte la dimension essentielle qu’occupe le Moyen-Orient dans une telle vision.
Le seul et unique allié de l’Amérique de Donald Trump, ce ne sont pas les membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), ce n’est pas l’Ukraine résistante, c’est bel et bien l’Israël de Benyamin Nétanyahou, avec qui le locataire de la Maison Blanche partage le même credo illibéral et la même détestation du multilatéralisme.
Et c’est au Moyen-Orient que Donald Trump rêve de réaliser son grand œuvre, en faisant coïncider les deux relations triangulaires que Vladimir Poutine et lui ont construites avec, d’une part, Benyamin Nétanyahou et, d’autre part, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman. Et c’est dans ce but que le président américain a nommé comme envoyé spécial sur ces deux dossiers Steve Witkoff, son partenaire de golf et d’affaires.
Un triangle solide et abouti
La relation triangulaire avec le président russe et le premier ministre israélien remonte au premier mandat de Donald Trump. Le président américain avait alors multiplié les violations du droit international au profit de Benyamin Nétanyahou, depuis la reconnaissance en décembre 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël (y compris sa partie orientale, occupée un demi-siècle plus tôt), jusqu’à la reconnaissance, en mars 2019, de la souveraineté israélienne sur le plateau syrien du Golan, lui aussi occupé.
Quant au premier ministre israélien, il avait assisté, aux côtés de Vladimir Poutine, en mai 2018, au défilé de la Victoire sur la place Rouge. Benyamin Nétanyahou était en effet convaincu que seule la présence russe en Syrie pouvait y limiter l’influence de l’Iran. La dictature des Assad apparaissait depuis longtemps aux décideurs israéliens comme un moindre mal, ne serait-ce que parce qu’elle respectait le cessez-le-feu sur le Golan occupé.
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