Sushila Karki, l’ancienne cheffe de la Cour suprême, va être première ministre après la démission de « KP » Sharma Oli

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L’ancienne cheffe de la Cour suprême du Népal Sushila Karfi, à Katmandou (Népal), le 30 janvier 2019.

A 73 ans, l’ancienne cheffe de la Cour suprême du Népal Sushila Karfi va être nommée à la tête d’un gouvernement provisoire pour succéder au premier ministre démissionnaire Khadga Prasad « KP » Sharma Oli, a appris l’Agence France-Presse (AFP), vendredi 12 septembre, auprès de la présidence.

« Le président Ram Chandra Paudel va nommer (…) Sushila Karki première ministre, après accord de toutes les parties », a déclaré le conseiller du chef de l’Etat pour la presse, Kiran Pokharel, à l’AFP. L’ex-plus haute magistrate du pays, dont le nom était régulièrement cité pour succéder au premier ministre démissionnaire, doit désormais prêter serment, a précisé M. Pokharel. « Un conseil de ministres sera formé ensuite », a-t-il ajouté.

« Nous avons un accord », s’est réjoui auprès de l’AFP un des représentants des manifestants, Nimesh Shrestha. « Le Parlement sera dissous et Sushila Karki sera première ministre », a-t-il ajouté. La nomination de cette magistrate réputée pour son indépendance intervient après deux jours de tractations intenses organisées par le chef d’état-major de l’armée, le général Ashok Raj Sigdel, avec le président Paudel.

Au moins 51 morts, dont 21 manifestants

La crise – la plus meurtrière survenue au Népal depuis l’abolition de la monarchie, en 2008 – a débuté lundi, lorsque la police a ouvert le feu sur des jeunes manifestants qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Une vingtaine de manifestants ont été tués, des centaines d’autres blessés, nourrissant l’indignation et la colère de la population. Le lendemain, le chef du gouvernement a tenté de reprendre la main en ordonnant le rétablissement de Facebook, YouTube et X, et a promis une enquête « indépendante » sur les violences policières.

Mais rien n’y a fait : des jeunes réunis sous une bannière « Génération Z » ont investi les rues de la capitale, Katmandou, et mis à sac de nombreux bâtiments publics, résidences de dirigeants politiques et autres symboles du pouvoir. Le Parlement a été incendié, comme la résidence du premier ministre, qui n’a eu d’autre choix que de présenter sa démission. Agé de 73 ans, le chef du Parti communiste (maoïste) népalais, qui a dirigé quatre fois le gouvernement depuis 2015, menait depuis 2024 une coalition avec un parti de centre gauche. Il incarnait l’élite dont la jeunesse du pays, largement privée d’emploi et lassée de la corruption, exigeait le départ.

Les troubles ont fait « au moins 51 morts (…) dont 21 manifestants et trois policiers », a déclaré vendredi à l’AFP un porte-parole de la police, Binod Ghimire. L’armée a repris le contrôle de la capitale. Ses soldats avec des armes, accompagnés de véhicules blindés et de chars, continuaient vendredi à patrouiller dans les rues désertes de Katmandou sous couvre-feu. Ses habitants ont été autorisés à sortir vendredi matin quelques heures pour se ravitailler, alors que se poursuivait le grand nettoyage engagé pour effacer les traces des destructions de mardi, ont constaté des journalistes de l’AFP.

La gigantesque chasse à l’homme lancée pour retrouver les quelque 13 500 détenus qui ont profité des troubles pour s’évader de leur prison continuait à battre son plein dans tout le pays. Moins d’un millier ont été rattrapés à ce jour, certains sur le sol de l’Inde voisine, a précisé vendredi le porte-parole de la police, et « 12 533 sont toujours en cavale ».

Le président du Népal, Ram Chandra Paudel, avait promis jeudi de faire « tous les efforts » pour trouver « aussi vite que possible » une « issue à la situation difficile que connaît le pays ». Les discussions ont été animées dans les rangs des représentants de la « Génération Z », qui souhaitent une transition radicale avec les gouvernements précédents.

Le Monde avec AFP

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