Sous la houlette du fils Prigojine, Wagner continue de jouer sa partition en Centrafrique et au Mali

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Les statues d’Evgueni Prigojine, ancien patron de Wagner, et de son bras droit, Dmitri Outkine, devant la Maison russe, à Bangui, en Centrafrique, le 3 décembre 2024.

Sa statue en bronze trône désormais devant la Maison russe à Bangui. Sur l’édifice de style soviétique, officiellement inauguré mardi 3 décembre, Evgueni Prigojine est représenté en treillis, avec un gilet pare-balles garni de chargeurs. A ses côtés, kalachnikov en main et regard froid, celui qui était son bras droit, le chef militaire à qui Wagner doit son nom : Dmitri Outkine.

Plus d’un an après avoir péri dans le crash de leur jet privé entre Moscou et Saint-Pétersbourg, le 23 août 2023, le patron de la société militaire privée russe et son lieutenant sont vénérés comme des icônes par beaucoup. Tant en Russie, où certains les considèrent comme d’authentiques patriotes, qu’en Centrafrique et au Mali, où leurs hommes sont toujours sur le terrain.

Après la disparition d’Evgueni Prigojine, qui avait osé défier Vladimir Poutine en menant une rébellion qui avait tourné court en juin 2023, les autorités russes ont clairement affiché leur volonté de scinder et de reprendre en main son empire africain. Mission avait été confiée au ministère de la défense et au GRU, les services de renseignement militaire russes, de le fondre dans leur nouveau dispositif civilo-militaire consacré à l’Afrique, Africa Corps.

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Centrafrique, Mali, Burkina Faso, Niger… Dans les mois qui ont suivi, Iounous-bek Evkourov, le vice-ministre de la défense, et le général Andreï Averianov, figure du GRU, ont multiplié les visites chez leurs alliés africains pour leur « vendre » cette nouvelle coopération avec Moscou, cette fois officielle et pleinement assumée.

Malgré cette réorganisation impulsée par les autorités russes, les « musiciens », comme se surnomment en interne les membres de Wagner, jouent encore leur partition dans leurs deux bastions africains : la Centrafrique et le Mali. Dans ces deux pays, où la nébuleuse de Prigojine s’est implantée successivement à partir de 2017 et de 2021, ils seraient encore respectivement environ 1 500 et près de 2 500. Soit des effectifs égaux à ceux de l’été 2023, avant la mort de leur patron. Une présence semi-autonome et validée par le Kremlin, qui garde un œil attentif sur leurs activités militaires et commerciales.

Pré carré africain

En Centrafrique, Wagner poursuit ses juteuses affaires dans l’or, le diamant et le bois, tout en continuant de sécuriser le pouvoir du président, Faustin-Archange Touadéra, auprès duquel ses cadres locaux conservent un accès direct. Parmi eux, le francophone Dmitri Sytyi, chef des opérations civiles, est comme chez lui à Bangui. Parfaitement introduit dans les hautes sphères du régime, il gère les multiples business du groupe et s’est rendu incontournable pour beaucoup de responsables centrafricains.

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