Siri Hustvedt « En dépit de la peur, qui monte, l’opposition grandit »

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L’écrivaine américaine Siri Hustvedt, à Los Angeles, en 2022.

Mon père avait l’habitude de dire : « Quand le fascisme arrivera en Amérique, ils l’appelleront américanisme. »

Les Etats-Unis ont-ils amené au pouvoir, par le vote, un gouvernement fasciste ?

Tout semble comme avant dans mon quartier de Brooklyn. Les magasins sont ouverts. Les piétons vaquent à leurs occupations, mais un sentiment d’effroi imprègne ce quotidien en apparence inchangé. De l’autre côté du pont, dans l’Upper West Side, à Manhattan, l’université Columbia, où j’ai étudié et soutenu ma thèse de doctorat en littérature, en 1986, est aux prises avec le nouveau gouvernement. Mon défunt mari, Paul Auster [1947-2024], était étudiant à Columbia en 1968. Aux côtés de centaines d’autres, Paul avait occupé un bâtiment, on l’en avait chassé et il avait été frappé par les policiers avant de passer une nuit en prison. Mon beau-frère, l’artiste Jon Kessler, enseigne au département des beaux-arts de Columbia. Je suis attachée à cette université. Parce qu’elle a été le théâtre au printemps 2024 de manifestations propalestiniennes, l’administration Trump l’a punie en la privant de son financement fédéral – des millions de dollars – au motif fallacieux qu’elle se serait rendue coupable d’antisémitisme. Confrontée à cette adversité écrasante, l’université a capitulé.

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