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Le ministère de l’éducation nationale vient de lancer une série de concertations à l’approche des assises de la santé scolaire, prévues à Paris le 14 mai. Cette attention portée au bien-être des élèves ne devrait pas occulter un enjeu majeur : la détresse psychologique des enseignants. La récente vague de suicides en Normandie – neuf enseignants et personnels éducatifs depuis juin 2024 – révèle un mal-être profond et structurel. Pourtant, des solutions existent. Parmi elles, le développement des compétences psychosociales mérite une attention particulière, tant leur impact sur le bien-être mental des élèves et des enseignants pourrait être déterminant.
L’éducation nationale est un levier essentiel pour la grande cause nationale de 2025 qu’est la santé mentale. Elle s’articule autour de quatre priorités : déstigmatisation des troubles psychiques, développement de la prévention, amélioration de l’accès aux soins et accompagnement des personnes concernées. Les jeunes, particulièrement touchés depuis la crise sanitaire, constituent une priorité de cette grande cause : le pourcentage des enfants scolarisés en élémentaire présentant au moins un trouble de santé mentale (13 %) ainsi que l’explosion des prescriptions de psychotropes chez les 12-25 ans (+ 60 % entre 2019 et 2023, d’après un récent rapport de l’Assurance-maladie) constituent des signaux particulièrement alarmants.
Si on souhaite prendre en compte l’ensemble des dynamiques sous-jacentes à la détérioration inquiétante de la santé mentale des jeunes, la souffrance des élèves ne peut être dissociée de celle des adultes qui les accompagnent. En première ligne face à ces jeunes élèves en détresse psychologique, les professeurs pourraient être les principaux oubliés de cette grande cause nationale : alors que la profession traverse une crise, la souffrance psychologique des enseignants semble ignorée des réflexions, bien qu’elle conditionne directement la capacité des professeurs à remplir leur mission auprès des élèves, en particulier les plus fragiles.
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