San Francisco porte plainte contre Nestlé, Coca-Cola et huit autres géants des aliments ultratransformés

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Dans un supermarché à Hawthorne, en Californie, le 2 décemebre 2025.

San Francisco s’attaque aux géants de l’agroalimentaire. La métropole californienne a lancé mardi 2 décembre une procédure judiciaire inédite contre dix géants des aliments ultratransformés, dont Coca-Cola, Mars ou Nestlé, en les accusant d’avoir créé une « crise de santé publique » qui grève les finances de la ville américaine.

Dans le détail, la plainte de San Francisco vise Kraft Heinz Company, Mondelez International, Post Holdings, The Coca-Cola Company, PepsiCo, General Mills, Nestlé USA, Kellogg, Mars Incorporated et ConAgra Brands.

La ville s’attaque ainsi aux fabricants de chips, sodas, plats préparés ou encore céréales pour enfants, qui fabriquent leurs aliments en laboratoire en y intégrant de nombreux additifs – colorants, émulsifiants, édulcorants, etc. « Ces entreprises ont créé une crise de santé publique avec la conception et la commercialisation des aliments ultratransformés », a expliqué David Chiu, le procureur de la ville. « Elles en ont tiré d’énormes profits, et maintenant elles doivent assumer la responsabilité des dommages qu’elles ont causés. »

Selon la plainte, les aliments ultratransformés « représentent plus de 70 % des produits des supermarchés » aux Etats-Unis, et « plus de la moitié » du régime alimentaire des Américains. Leur omniprésence dans les rayons a provoqué une « augmentation dramatique de l’incidence de l’obésité, du diabète, des maladies cardiaques, des cancers et d’autres maladies chroniques », souligne la ville.

Environ 40 % des Américains souffrent d’obésité, un des taux les plus élevés du monde, et près de 16 % d’entre eux sont diabétiques, selon les statistiques officielles. San Francisco réclame des dommages et intérêts, d’un montant non spécifié, pour les coûts de santé supportés par la collectivité. Elle accuse notamment les fabricants d’avoir violé la législation californienne sur la concurrence, en adoptant un « marketing déloyal et trompeur », similaire aux techniques employées par l’industrie du tabac.

Les dix entreprises poursuivies « ont tout fait pour priver les consommateurs d’un choix éclairé », dénonce la plainte. Elles « savaient que les aliments addictifs qu’elles concevaient rendaient leurs clients malades, et elles ont caché la vérité au public ».

Rare sujet de consensus politique

La Consumer Brands Association, qui représente plusieurs de ces entreprises, a publié un communiqué affirmant que les géants de l’alimentaire travaillent à la conception de produits avec plus de protéines et de fibres, et avec moins de sucre et de colorants synthétiques.

« Il n’existe actuellement aucune définition scientifique consensuelle des aliments ultratransformés, et tenter de classer les aliments comme malsains simplement parce qu’ils sont transformés, ou diaboliser les aliments en ignorant leur contenu nutritionnel complet, induit les consommateurs en erreur et exacerbe les disparités en matière de santé », a estimé Sarah Gallo, une responsable de cette organisation.

Apparus vers la fin du XIXsiècle, les aliments ultratransformés ont commencé à être produits en masse pour nourrir les soldats américains pendant les deux guerres mondiales, avant d’inonder les supermarchés du monde entier dans la deuxième moitié du XXsiècle. Mais leur nocivité est de plus en plus dénoncée et s’impose comme un rare sujet de consensus politique aux Etats-Unis.

Le ministre de la santé de Donald Trump, Robert Kennedy Jr., contesté pour ses positions antivaccins, est un critique très actif de la malbouffe et a érigé en priorité la lutte contre l’obésité et le diabète. Sous sa pression, les grands fabricants de glaces se sont engagés à se passer de colorants de synthèse à partir de 2028.

Le Monde avec AFP

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