« Revenir sur le pacte vert européen serait une erreur géopolitique »

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Il y a cinq ans, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, présentait le pacte vert au Parlement européen. Faire de l’Europe la première économie neutre en émissions de carbone est un projet qui s’inscrivait dans le sillage de vastes manifestations en faveur du climat.

Pourtant, au cours des cinq dernières années, la vague verte des élections européennes de 2019 s’est heurtée à de dures réalités géopolitiques. La réponse à la pandémie de Covid-19, l’invasion brutale de l’Ukraine par la Russie, l’agressivité de la Chine et l’escalade des conflits au Moyen-Orient ont mis en évidence la vulnérabilité de l’Europe et ont pesé sur les budgets européens.

Le Parlement européen vient d’approuver le nouveau collège de commissaires de la présidente von der Leyen. Lors de leurs auditions, les commissaires ont dû faire face à la pression des députés européens pour expliquer comment ils allaient relever la multitude de défis auxquels l’Europe est confrontée, avec notamment des appels à revenir en arrière sur l’ambitieux pacte vert de la Commission. Ce serait une erreur géopolitique.

Dépendance énergétique

Les dirigeants européens doivent comprendre que la lutte contre le changement climatique est une priorité en matière de sécurité, et pas seulement une priorité environnementale. Si le réchauffement climatique se poursuit sans relâche, il sera synonyme d’une plus grande instabilité à l’avenir. L’augmentation exponentielle de la fréquence de phénomènes météorologiques de plus en plus extrêmes, la multiplication des conflits liés aux ressources et de nouvelles vagues de réfugiés climatiques entraîneront d’importants engagements humanitaires, voire militaires. Les dirigeants mondiaux doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour atténuer ces menaces.

L’Union européenne (UE) a joué un rôle de premier plan dans la lutte contre le réchauffement climatique. Poursuivre ces efforts est d’autant plus essentiel que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, promet de se retirer de l’accord de Paris sur le climat. Si l’Europe suit les Etats-Unis en revenant sur ses engagements écologiques, le soutien mondial s’érodera, rendant impossible la tâche déjà ardue de ralentir la hausse des températures mondiales.

Gérée efficacement, la transition européenne vers une économie neutre en carbone peut ouvrir la voie à une plus grande autonomie stratégique. L’Europe est fortement dépendante des importations de pétrole et de gaz. Pendant des années, les dirigeants européens ont ignoré l’agressivité croissante de Vladimir Poutine tout en s’appuyant sur les importations d’énergie russe. Ce n’est qu’après l’invasion massive de l’Ukraine que l’Europe a finalement pris conscience de la réalité de sa dépendance énergétique.

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