Rachida Dati, la cathédrale de Saint-Flour et ses sacrés jambons

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Les jambons Florus Solatium suspendus dans la cathédrale de Saint-Flour (Cantal), en juin 2022.

C’est un drôle de dossier qui s’est invité sur le bureau de Rachida Dati ces derniers jours. La ministre de la culture va devoir se prononcer sur la question assez baroque des jambons Florus Solatium qui pendent depuis deux ans dans une tour de la cathédrale de Saint-Flour (Cantal). Comme l’a révélé le quotidien régional La Montagne, un représentant régional des architectes des bâtiments de France a récemment demandé leur retrait, en alertant sur plusieurs sujets : selon lui, la graisse du jambon détériorerait l’édifice et poserait des problèmes de sécurité en cas d’incendie.

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La genèse de cette étrange histoire remonte à 2022 et à une initiative de l’abbé Philippe Boyer, recteur de l’édifice pendant douze ans, aujourd’hui curé de la ville d’Aurillac. Celui-ci doit rénover l’orgue de la cathédrale, en mauvais état. Coût des travaux : plusieurs dizaines de milliers d’euros. Mais la commune, propriétaire de l’orgue, n’a pas l’argent ; l’Etat, propriétaire du bâtiment, non plus, et le diocèse, encore moins. L’abbé Boyer, qui avait déjà fait installer des ruches sur le toit de la cathédrale pour produire du miel, se tourne alors vers une coopérative agricole locale, Altitude.

Après une cérémonie de bénédiction, une cinquantaine de jambons emmaillotés sont alors suspendus aux poutres d’un grenier de la tour nord de la cathédrale, sous la protection de saint Antoine, saint patron des charcutiers. « L’endroit était idéal pour le séchage, à près de 1 000 mètres d’altitude, dans la cathédrale la plus haute d’Europe, pris entre les vents de la Planèze et ceux de la Margeride », détaille pour Le Monde Didier Boussaroque, président de la coopérative. Parfait pour en faire un « produit premium » (vendu environ 150 euros pièce) face à « l’artillerie lourde industrielle », ajoute-t-il. Les bénéfices serviront pour les travaux de la cathédrale.

« Mise en valeur d’une filière locale »

Derrière l’opération financière se joue aussi l’image d’une Eglise « proche des territoires ruraux », travaillant à la « mise en valeur d’une filiale locale », défend l’abbé Boyer. Le tout avec l’appui évident de l’évêque du diocèse, Didier Noblot, responsable de la mission rurale à la Conférence des évêques de France. « On retrouve les fondamentaux des grandes abbayes qui ont toujours travaillé avec le monde agricole », analyse l’abbé.

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C’est pourquoi ce différend prend des airs de combat du monde rural contre une administration parisienne tatillonne. « On est dans un pays extrêmement administré, avec un côté parfois un peu envahissant. Avec un peu de bonne volonté de tout le monde, on aurait pu trouver une solution pérenne, sécuritaire, et qui permet de ne pas nuire aux bonnes volontés », regrette Philippe Delort, maire (sans étiquette) de la commune. « La ministre de la culture a demandé au préfet du Cantal de mener une réflexion afin d’examiner les modalités qui permettraient, en toute sécurité, et dans le respect de la conservation du patrimoine, de poursuivre cette expérimentation », fait savoir au Monde le ministère.

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