
« Saint Pierre, de Bethsaïde en Galilée, prince des apôtres, reçut de Jésus-Christ le pouvoir pontifical suprême à transmettre à ses successeurs », indique sommairement l’Annuaire pontifical, édité chaque année par le Vatican, pour retracer les origines de l’institution. Si l’on en croit la tradition catholique, Pierre serait donc le premier des 266 papes qui se sont succédé à Rome jusqu’à nos jours. Rome, ultime étape des pérégrinations missionnaires de Pierre, où il aurait été crucifié sous le règne de Néron, dans les années 60.
La réalité est en fait plus complexe. Celui que Jésus a choisi pour ancrer les fondations de son Eglise – en lui déclarant : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » (Evangile selon saint Matthieu, 16-18) – n’a en effet jamais reçu, de son vivant, le titre de « pape ».
Ce terme – hérité du grec pappas, « père » – est un diminutif à connotation affectueuse dont l’usage n’apparaît qu’à partir du IIIe siècle dans l’Eglise. Et à cette époque, il n’est nullement réservé au seul chef des chrétiens de Rome : les évêques de Carthage ou d’Alexandrie, pour ne citer qu’eux, en sont gratifiés pendant toute l’Antiquité. Il ne sera que progressivement réservé au seul successeur de Pierre. Car le concept de monarchie pontificale est le fruit d’une très lente évolution, qui n’arrivera à maturité qu’au Moyen Age.
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