« Que se passerait-il si Trump ordonnait aux Gafam de cesser leurs services cloud à l’égard de nos gouvernements ? »

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Durant l’été 2025, la société Microsoft a confirmé qu’elle remettrait les données de ses utilisateurs aux autorités états-uniennes si celles-ci les réclamaient, quand bien même elles seraient stockées en France. Cette révélation n’avait rien de bien surprenant : il s’agit de l’application d’une loi américaine de 2018, le Cloud Act. Certes, cela contreviendrait aux lois européennes… mais une entreprise obéit en premier lieu aux lois de son pays.

Donald Trump parle de retirer le soutien des Etats-Unis à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) au moment même où des appareils militaires russes violent l’espace aérien de pays membres, et il ordonne des mesures de rétorsion à l’égard du procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan. Microsoft, qui gère des services informatiques externalisés pour cette cour, a coupé le courrier électronique de ce magistrat.

On peut très bien imaginer le président américain ayant un accès d’humeur à l’égard de la France, par exemple au motif qu’elle gênerait son « plan de paix » en Ukraine. Dans cette optique de « géopolitique fiction », que se passerait-il s’il ordonnait aux Gafam [Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft] de cesser leurs services cloud à l’égard de notre gouvernement, de nos services publics, de nos armées ?

On m’objectera qu’il s’agit de spéculations, que de tels actes impliqueraient la rupture de contrats entre ces sociétés et leurs utilisateurs ainsi que des violations des droits français et européen. Cette objection est caduque : le gouvernement américain, qui a exprimé son désir d’occuper le Groenland, et qui coule dans les eaux internationales des bateaux soupçonnés de transporter de la drogue, n’a clairement que faire du droit, a fortiori du droit international ou étranger.

Il nous faut au contraire examiner objectivement nos dépendances à des opérateurs étrangers, potentiellement hostiles, et y remédier. Nous en sommes arrivés là à force de refuser de considérer les aspects géopolitiques et à long terme de choix perçus comme purement techniques et commerciaux.

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