quand la maladie psychique survient, des familles au bord de l’explosion

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« Quand le diagnostic tombe en 2005, c’est le blast, tout explose. Mon frère Thibault est reconnu schizophrène, la réalité se fissure pour lui, la famille vole en éclats », se souvient Gringe. L’acteur et rappeur à fleur de peau, qui vient de lancer son second album, Hypersensible, évoque les fracas de ces dernières années qui l’ont façonné. « Après l’annonce, tout a bougé assez vite. Si je suis resté à Caen, où nous habitions, le reste de la famille est parti dans le Sud, où une place en clinique se libérait, et mes parents se sont séparés dans les deux ans qui ont suivi. » Chacun a fait comme il a pu, estime Gringe. « Mon père s’est protégé par un certain déni, ma mère s’est armée de courage, a rassemblé des informations et s’est entourée de parents dans la même situation, grâce à l’Unafam. »

Écouter aussi Gringe : « La schizophrénie, dont souffre mon frère, est violemment stigmatisée » (12/12)

A ses 15 000 adhérents, l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) propose un accompagnement par des pairs dans 305 points d’accueil, et un service d’écoute en ligne gratuit. « Ces échanges permettent de briser l’isolement et d’aider le proche aidant à trouver la force d’avancer, en luttant contre les sentiments d’impuissance, de culpabilité et d’incompréhension », explique Isabelle Coulange, l’une des psychologues de l’association. « C’est aussi l’occasion de décrypter un diagnostic et d’orienter vers les ressources locales », poursuit-elle. Les proches apprennent aussi à faire un pas de côté pour trouver des points d’interface avec la personne malade, par exemple en lui disant que l’on comprend que ce soit si éprouvant pour elle, ou en posant ses propres limites.

« Malade de son frère malade »

Subtilement, Gringe est même passé de l’autre côté du miroir pour maintenir le contact, lorsqu’il s’est rapproché de son frère en prenant le relais de sa maman épuisée. « Un soir, Thibault m’a décrit une jeune fille que lui seul voyait, et les voix qu’il entendait. Je lui ai simplement posé des questions sur elle sans juger. C’était “schizophrénique” : une part de moi était happée par le délire, mais l’autre n’y adhérait pas », reconnaît le membre du tandem formé avec Orelsan, Casseurs Flowteurs. Gringe a fini par être « malade de son frère malade », dépressif un temps, avant de rebondir, de voyager avec Thibault, d’écrire à quatre mains le livre Ensemble, on aboie en silence (Harper Collins, 2020) qui ressort en poche en décembre. Et de vivre aussi pleinement sa propre vie d’artiste avec la sortie de son premier album en solo, Enfant Lune, il y a six ans.

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