« Quand je dis qu’on fait très peu l’amour et que ça va bien dans notre couple, cela aide les autres à se confier »

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« Sleep in Love n°81 », le 7 novembre 2011.

C’est après la tournée de mojitos de l’apéro et l’ouverture d’une deuxième bouteille de vin que la conversation a pris une tournure sexuelle. Réunis dans un restaurant du centre de Lyon, Gaël (le prénom a été modifié), 34 ans, et cinq de ses copines dînent dans une ambiance légère et festive. Autour de la table, certaines brûlent de raconter leurs ébats répétés avec leur nouveau partenaire. « Elles s’éclatent et font l’amour tout le temps, parfois plusieurs fois de suite, lance le jeune père de deux filles de 3 et 5 ans, en couple depuis douze ans. Chez moi, c’est clairement plus calme, alors, pour ne pas avoir l’air coincé, j’ai enjolivé la réalité. J’ai dit qu’on faisait l’amour tous les trois jours parce qu’en comparaison je me sentais bête. Je suis jeune, encore potable, donc je ne veux pas reconnaître publiquement que ma sexualité a viré plan-plan. » Gaël se souvient de sa vie d’avant les enfants. A cette époque-là, son mari et lui avaient des rapports quasi quotidiens. Depuis que le tourbillon de la parentalité a frappé leur foyer, leur chambre à coucher leur sert plus à roupiller qu’à batifoler. « Entre la fatigue, le boulot, la charge mentale, on fait l’amour une à deux fois par mois. Ce n’est pas la catastrophe, mais ça a baissé. »

Si Caroline (elle a souhaité changer son prénom), 40 ans, avait participé à ces joyeuses agapes entre potes, elle aurait menti aussi. Elle vit avec le même homme depuis dix ans dans la région d’Orléans et ils ont un rapport sexuel par mois. « Quand le sujet déboule sur la table, je préfère rester évasive, glisse-t-elle. Je ne veux pas qu’on nous juge, qu’on pense que mon couple va mal, alors qu’on est heureux et très complices. Dire la vérité, c’est prendre le risque d’introduire dans la tête de nos amis l’idée que notre sexualité ne serait pas dynamique, comme un secret honteux. »

Caroline n’aspire pas à plus de sexe dans sa vie. Ce rythme lui convient, et elle voudrait casser le mythe selon lequel la fréquence garantit l’épanouissement. « Notre intimité a évolué en dix ans, les étreintes sont moins nombreuses, même si le désir est là », commente-t-elle, tout en reconnaissant que son époux aspire sans doute à plus. Elle assure ne pas le vivre comme un « échec », mais le sujet « résonne » en elle parce qu’elle se dit que les autres en font plus. « Il paraît qu’en France les gens font l’amour deux fois par semaine, lâche-t-elle, un peu dubitative. Ça me met mal à l’aise, car je me compare et, comme on est bien au-dessous, je me sens hors des clous. Même si je ne suis pas convaincue que ce soit la folie chez tous mes amis. »

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