« Présenter les accusés comme des victimes de la pornographie ou de leur sexualité contribue à la culture du viol »

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Depuis le début du procès des viols de Mazan, il a beaucoup été question, lors des audiences, des sexualités des accusés. Il a notamment été mis en avant, par la défense ou par des experts invités à la barre, que leurs pratiques sexuelles échappaient à la « norme » – celle qui inscrit la sexualité dans une relation affective, monogame et hétérosexuelle.

Libertinage, échangisme, consommation de pornographie, candaulisme, et, plus généralement, « paraphilies » – un terme psychiatrique désignant des pratiques sexuelles peu courantes –, ont ainsi pu être interprétés comme autant de signes de troubles sexuels chez les accusés, pouvant excuser leur conduite. Or, si le contexte des viols et le passé des accusés constituent des éléments à considérer, ceux-ci ne doivent pourtant en aucun cas excuser ou atténuer leur responsabilité.

En effet, pour certains experts et expertes, ces sexualités non normées seraient le signe d’une déviance psychiatrique, une pulsion sexuelle dont les accusés seraient victimes. Ces derniers sont par exemple décrits comme étant « sous l’emprise de besoins sexuels », avec une « sexualité débordante » et d’« importants besoins ». Dans le même temps, il n’est jamais rappelé par les mêmes experts que la sexualité n’est pas un besoin vital, et que l’on peut vivre – sainement – sans activité sexuelle.

La consommation de pornographie est également évoquée, bien qu’aucune étude scientifique ne démontre que celle-ci soit responsable de violences sexistes ou sexuelles. De telles argumentations sont dangereuses : présenter les accusés comme des victimes de la pornographie ou de leur sexualité contribue à la culture du viol en minimisant leur responsabilité.

Hors norme, mais inoffensif

D’autres expertises signalent quant à elles des préférences sexuelles peu communes comme facteurs de passage à l’acte. L’expert Laurent Layet explique ainsi n’avoir jamais vu autant de paraphilies que chez Dominique Pelicot ; quand l’expert Paul Bensussan affirme, de son côté, que la sexualité de cet homme de 72 ans est « hors norme » et immuable, sans rappeler que ce sont ses actes criminels, et non ses pratiques sexuelles, qui font l’objet d’un jugement.

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