Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé mercredi 18 décembre Bruno Lasserre, l’ancien patron de l’Autorité de la concurrence, poursuivi pour complicité de harcèlement moral après le suicide d’un salarié. « M. Lasserre avait certes conscience du rythme imposé mais il n’était pas informé des souffrances des agents du service juridique », a déclaré la présidente du tribunal avant d’annoncer la relaxe du haut fonctionnaire, estimant qu’il ne portait pas de responsabilité pénale dans la mort d’Alain Mouzon.
A 46 ans, M. Mouzon s’était donné la mort le 24 mars 2014 après avoir dénoncé l’épuisement professionnel dont il avait été victime, comme ses collègues du service juridique de l’Autorité de la concurrence. Pendant le procès, de nombreux anciens collègues d’Alain Mouzon ont raconté à la barre la charge de travail intense, les réprimandes, le dénigrement dont plusieurs personnes ont été victimes au sein du service juridique de l’Autorité de la concurrence entre 2011 et 2013.
« Ca fait très longtemps qu’on se bat et nous sommes satisfaits » a déclaré l’avocat de celui qui a également été vice-président du Conseil d’Etat, Me Bernard Grelon, à l’issue de l’audience.
« Je dois vivre avec ça »
Aux côtés de Bruno Lasserre était jugé pour harcèlement moral Fabien Zivy, ancien directeur du service juridique de l’Autorité de la concurrence. Le tribunal l’a reconnu coupable et l’a condamné à dix-huit mois de prison avec sursis ainsi qu’à une interdiction d’exercer pendant cinq ans toute fonction d’encadrement.
Le tribunal a considéré que « M. Mouzon a été progressivement déconsidéré auprès de ses collègues et discrédité dans son travail par M. Zivy avant d’être écarté de l’équipe ». « Il paie tout, tout seul et ce n’est pas normal », a déclaré à l’Agence France-Presse l’avocate de Fabien Zivy. « Je ne comprends pas pourquoi Bruno Lasserre n’a pas été jugé comme coauteur du harcèlement puisqu’on a vu pendant le procès qu’il y a des éléments contre lui », a regretté Me Sophie Sarre.
Au cours du procès, souvent ému aux larmes, Fabien Zivy, 49 ans, avait reconnu des erreurs de management. « Je dois vivre avec ça, avec ce qui s’est passé. J’en suis désolé. Malheureusement ça ne change rien au résultat », avait-il soupiré, faisant référence au suicide d’Alain Mouzon.